Turquie : quatre collaborateurs du journal d’opposition « Cumhuriyet » maintenus en détention

Mardi 26 décembre 2017

Turquie : quatre collaborateurs du journal d’opposition « Cumhuriyet » maintenus en détention

Ce procès, où dix-sept personnes sont jugées pour « activités terroristes », cristallise les inquiétudes liées à l’érosion de la liberté de la presse en Turquie.

Le Monde.fr avec AFP | 25.12.2017 à 15h26 • Mis à jour le 25.12.2017 à 16h51

La tension reste vive au procès de Cumhuriyet, journal d’opposition régulièrement critique envers le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Un tribunal d’Istanbul a ordonné, lundi 25 décembre, le maintien en détention de quatre collaborateurs du quotidien, à l’issue d’une audience marquée par un vif échange entre l’un des accusés et le juge.

Le tribunal a ainsi décidé de maintenir en détention préventive le patron du journal, Akin Atalay, son rédacteur en chef, Murat Sabuncu, son journaliste d’investigation vedette Ahmet Sik, écroué depuis trois cent soixante jours, et son comptable Emre Iper. Le procès a été renvoyé au 9 mars et la prochaine audience se déroulera dans la prison de Silivri, à la lisière d’Istanbul, a annoncé l’avocat de la défense, après l’énoncé de la décision à huis clos.

« Faire taire la liberté d’expression »

Dans ce procès, dix-sept dirigeants, journalistes et autres employés actuels ou passés de Cumhuriyet sont jugés pour « activités terroristes ». L’affaire cristallise les inquiétudes liées à l’érosion de la liberté de la presse en Turquie. « Ce procès est le symbole des tentatives visant à faire taire la liberté d’expression en Turquie aujourd’hui. Il est le symbole des pressions exercées contre les journalistes », a déclaré une avocate de la défense, Me Gülendam San Karabulutlar, à l’Agence France-Presse.

Sans surprise, la cinquième audience de ce procès a été marquée par des échanges particulièrement tendus. L’un des accusés, le journaliste d’investigation Ahmet Sik, a ainsi été exclu de la salle d’audience à la demande du président du tribunal, qui lui reprochait de se livrer à une « défense politique », selon l’Agence France-Presse.

S’exprimant devant la cour, le journaliste a accusé le gouvernement de « traiter comme des terroristes ceux qui ne lui ressemblent pas » et la « justice contrôlée par le pouvoir » de porter des « accusations absurdes ». « Ça suffit ! Si vous voulez faire de la politique, devenez député ! (…) Je ne peux pas laisser l’accusé continuer ainsi. Qu’on le fasse sortir de la salle », a alors lancé le président du tribunal, Abdurrahman Orkun Dag.

Cette décision a indigné les dizaines de soutiens de Cumhuriyet venus assister au procès : « Vous finirez par être jugés un jour ! », « Ahmet [Sik] sortira de prison, il écrira de nouveau ! », ont-ils lancé dans la salle en huant le juge, provoquant une suspension d’audience.

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