Rions un peu avec Vincent Bolloré

Mardi 27 mars 2018 — Dernier ajout mardi 10 août 2021

Rions un peu avec Vincent Bolloré

Par Daniel Schneidermann Publié le 27 mars 2018 à 10h59

[…] Ca fait longtemps qu’on n’avait pas parlé de Vincent Bolloré. Bolloré poursuit France 2. On a l’habitude. Ca ne devrait plus faire un titre. Mais il y a une originalité. Bolloré ne poursuit pas France 2, et Tristan Waleckx, auteur d’un portrait de l’industriel diffusé en avril 2016 dans l’émission Complément d’Enquête, en diffamation.

Il les poursuit devant le tribunal de commerce, pour « dénigrement » (l’audience se tenait lundi 26 mars). Avec, en substance, l’argument suivant : en diffusant (et surtout, en re-diffusant) cette émission, la société France Télévisions a causé du tort aux sociétés de Bolloré.

Il s’agit donc d’un litige commercial. Pour prix de son préjudice, Vincent Bolloré réclame 50 millions d’euros à France Télévisions. Laquelle, en retour, lui réclame (plus modestement) 100 000 euros pour procédure abusive. Les motifs précis, et les chances de succès de cette procédure, vous étaient expliquées en détail ici. C’est original. Tous les medias étant, peu ou prou, des entreprises commerciales, tous les industriels devraient pouvoir attaquer devant le tribunal de commerce tous les articles qui leur déplaisent. Je prends ici le risque de prédire que Vincent Bolloré sera donc débouté. Peut-être sera-t-il même condamné à verser à France Télévisions 100 000 euros pour procédure abusive.

Mais qu’est-ce que 100 000 euros pour Vincent Bolloré, qui vient d’empocher une pluvalue de 1,2 milliards d’euros au terme de sa fausse OPA sur l’éditeur de jeux video Ubisoft ? Au pire, la pénalité qu’il devra verser à France Télévisions représentera donc (si j’ai bien calculé en dépit de l’heure matinale) 0,01% de sa pluvalue Ubisoft.

N’empêche que chacun fait semblant de considérer qu’il s’agit d’un vrai procès. Lire la suite.

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