Vincent Bolloré va être entendu par la justice sur ses affaires africaines

Vendredi 13 avril 2018

Challenges Politique Politique

Vincent Bolloré va être entendu par la justice sur ses affaires africaines

Par Thierry Fabre et David Bensoussan le 12.04.2018 à 11h17 Abonnés

EXCLUSIF Le PDG du groupe Bolloré va devoir s’expliquer sur ses activités africaines, à la demande des juges parisiens Serge Tournaire et Aude Buresi. Les magistrats soupçonnent les dirigeants du groupe d’avoir utilisé leur filiale de communication Havas pour faciliter l’arrivée au pouvoir de dirigeants africains. Et obtenir en échange les concessions portuaires.

Une bombe judiciaire. Selon nos informations, plusieurs dirigeants du groupe Bolloré, dont Vincent Bolloré lui-même, vont être prochainement auditionnés à la demande des juges parisiens Serge Tournaire et Aude Buresi, habitués des grandes enquêtes politico-financières. En effet, la justice soupçonne le groupe Bolloré d’avoir financé la campagne électorale de dirigeants africains, qui par la suite, lui ont accordé des concessions portuaires. Deux pays sont dans le collimateur : la Guinée, où Alpha Condé, conseillé par Havas, a remporté les élections, en novembre 2010, puis a éjecté manu militari le concessionnaire du port de Conakry, Nécotrans, pour confier le marché à Bolloré. Et le Togo où le président Faure Gnassimbé, qui a lui aussi bénéficié du conseil d’Havas, a attribué la gestion d’un terminal à conteneur de Lomé à l’industriel français, juste après son élection en 2010.

Après avoir saisi de nombreuses pièces comptables, lors de leurs perquisitions chez Havas, en 2014 et 2015, puis au siège de Bolloré, à Puteaux, en avril 2016, les enquêteurs ont acquis la conviction que des dépenses électorales des présidents guinéens et togolais ont été prises en charge par le groupe Bolloré. Et le risque judiciaire pour le groupe du milliardaire breton est à prendre au sérieux, avec des qualifications pénales potentiellement lourdes : abus de bien social et trafic d’influence. « En Guinée et au Togo, le groupe Bolloré a été choisi uniquement pour ses compétences et sa capacité à réaliser les investissements portuaires, que ses concurrents n’avaient pas réalisé par le passé », rétorque un porte-parole du groupe. Lire la suite.

Revenir en haut