Corruption : le plus grand scandale politico-judiciaire

Samedi 2 juin 2018

Publié le 02/06/2018 à 07:56

Corruption : le plus grand scandale politico-judiciaire

International

Vu depuis ce côté des Pyrénées, c’est une simple histoire de corruption impliquant un parti politique. Mais côté péninsule ibérique, le scandale du Parti populaire est une véritable déflagration. Tout a débuté en 2009 sous la direction du fameux juge Garzon qui enquêtait sur l’affaire Gürtel. La justice espagnole soupçonnait un vaste système de corruption portant sur des sommes d’argent versées par des entreprises du BTP et de sociétés de sécurité. Ces sommes étaient destinées à des élus locaux qui, en échange, attribuaient des marchés publics. Ce réseau concernait des régions et municipalités dirigées par le Parti populaire (PP). C’était le cas de la région de Madrid, de Valence, de la Castille… Au cœur du système apparaît Luis Barcenas, trésorier du Parti populaire. En effet, en 2013 les enquêteurs découvrent qu’il est à la tête d’une fortune colossale estimée à 48 millions d’euros cachés sur un compte en Suisse.

Un procès hors norme : 29 condamnés à 351 années de prison

L’épilogue de cette vaste enquête sur ce réseau tentaculaire de financement a eu lieu la semaine dernière. Au terme d’un mégaprocès qui a duré d’octobre 2016 à novembre 2017, la justice espagnole a poursuivi 37 accusés. Au final, dans un jugement comptant 1 700 pages, 29 mis en cause ont été condamnés dont d’anciens cadres du Parti populaire. Au total, ils ont été condamnés à 351 années de prison dont 33 ans pour le seul ancien trésorier du parti de droite, Luis Barcenas, qui a aussi écopé d’une amende de 44 millions d’euros pour avoir tenu cette caisse noire. Le tribunal a suivi la réquisition du parquet qui a demandé une incarcération immédiate en raison d’un haut risque de fuite. L’argentier du PP possède en effet des biens en Argentine et dans plusieurs paradis fiscaux. Un ancien maire d’une ville de la banlieue de Madrid a quant à lui écopé de 38 ans de prison alors qu’un de ses acolytes de la région de Madrid purgera une peine de 31 ans de prison.

La justice ibérique a conclu que le PP avait mis en place avec un groupe privé « un authentique et efficace système de corruption institutionnel à travers des mécanismes de manipulation des marchés publics ». Par ailleurs, le chef du gouvernement Mariano Rajoy a été condamné à rembourser 245 492 euros, des sommes qu’il aurait illégalement perçues durant vingt ans. L’ex numéro un du gouvernement a immédiatement annoncé dans un communiqué qu’il faisait appel. Lors de sa déposition, l’ancien chef du gouvernement a assuré ne rien savoir de la gestion financière du PP.

Source : La Dépêche du Midi.

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