Procès Bolloré : une note des conseillers de François Hollande s’invite dans le dossier

Samedi 2 juin 2018

Procès Bolloré : une note des conseillers de François Hollande s’invite dans le dossier

Les juges de Nanterre décideront le 5 juin si le portrait de Vincent Bolloré sur France 2 était diffamatoire. Pour les éclairer, une note confidentielle de L’Elysée leur a été fournie.

Par Véronique Groussard Publié le 02 juin 2018 à 18h06

A quoi ça ressemble, la « diplomatie économique » ? Cette notion était un des points saillants du procès en diffamation intenté par le groupe Bolloré au journaliste Tristan Waleckx qui avait réalisé, pour France 2, un portrait de l’homme d’affaires. Notes confidentielles, entretiens en tête-à-tête entre le président français et ses homologues : on suppute que cette fameuse diplomatie existe mais sans en avoir, jamais, la preuve. C’est en cela que ce procès dont le verdict sera rendu le 5 juin, est éclairant.

En cause : l’attribution de la concession du port de Kribi (Cameroun). Le documentaire de Tristan Waleckx s’étonne que le consortium mené par Bolloré - d’abord écarté par les experts – l’ait finalement emportée. Une sorte de petit miracle intervenu peu après un tête-à-tête entre François Hollande et le président camerounais, Paul Biya. La concordance de temps – troublante - l’amène à s’interroger : « Au nom des intérêts français, Vincent Bolloré bénéficierait-il de passe-droits ? ». Les juges vont devoir décider si cette question est – ou non – diffamatoire. A l’audience, le procureur a estimé que cette phrase, « un peu imprudente » (…) « constitue une diffamation », qui pourrait néanmoins bénéficier de l’excuse de la bonne foi du journaliste. Il n’a requis ni relaxe ni condamnation.

Pour la défense du journaliste, son avocate Me Juliette Felix a évoqué l’attestation de François Hollande dans laquelle « il dit oui, bien sûr, j’ai évoqué le dossier, j’en ai parlé personnellement à Paul Biya ». Outre cette très chic attestation, le dossier, pour preuve de bonne foi, contient une note confidentielle , du 18 juin 2015, rédigée par les conseillers de l’Elysée, qui briefait Hollande avant son tête-à-tête avec Biya. Et donc les éléments de langage qui lui étaient fournis. Lire la suite.

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