Margaret Hodge, la croisée anglaise de la lutte contre l’évasion fiscale

Lundi 18 juin 2018

Margaret Hodge, la croisée anglaise de la lutte contre l’évasion fiscale

Cette députée travailliste britannique, issue d’un milieu bourgeois conservateur, s’attaque au tabou des paradis fiscaux liés au Royaume-Uni. Portrait.

LE MONDE ECONOMIE | 18.06.2018 à 11h33 | Par Eric Albert (Londres, correspondance)

Ce lundi 18 juin, Margaret Hodge et Andrew Mitchell étaient attendus sur l’île de Man, pour une visite aux autorités locales. L’accueil risquait d’être glacial. La députée travailliste et son collègue conservateur mettent les pieds dans le plat, exigeant de cette dépendance de la Couronne britannique qu’elle fasse preuve de transparence financière. « On y va en visite d’Etat ! », lance dans un éclat de rire Mme Hodge, volontiers provocatrice.

Les deux parlementaires britanniques forment une étrange délégation : opposés politiquement, ils n’avaient rien pour s’entendre. La première est élue du Labour, ancienne secrétaire d’Etat de Tony Blair, et, de son propre aveu, « très tribu ». Le second appartient au parti Tory, c’est un ancien ministre de David Cameron, et pas du genre à se rebeller au sein de sa majorité. Ils se sont pourtant rejoints dans la lutte contre l’évasion fiscale. « J’ai été sensibilisé au sujet par la pauvreté en Afrique, quand j’étais ministre chargé de l’aide internationale, explique M. Mitchell. Margaret y a été sensibilisée par l’évasion fiscale du côté des riches qui ne paient par leurs impôts. »

Leur alliance a permis de dégager une majorité inespérée à la Chambre des communes, le 1er mai, pour faire adopter un amendement qui fera date : les territoires d’outre-mer britanniques vont être obligés de mettre en place d’ici à 2020 des registres publics des propriétaires des entreprises. Fini le secret qui permet de se cacher derrière des coquilles juridiques anonymes aux îles Vierges britanniques ou encore aux îles Caïmans.

Les grandes entreprises humiliées publiquement

La décision brise un tabou constitutionnel. Jusqu’ici, le gouvernement britannique avait toujours fait valoir que ces paradis fiscaux étaient des territoires autonomes pour leurs affaires intérieures. Les Communes en ont décidé autrement, provoquant une vague de colère dans ces territoires…. Lire la suite.

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