Désamiantage du « Clemenceau » : le gérant de Technopure et le responsable d’une société panaméenne écroués

Vendredi 13 juillet 2007 — Dernier ajout jeudi 9 août 2007

Société

Désamiantage du « Clemenceau » : le gérant de Technopure et le responsable d’une société panaméenne écroués.

AP | 13.07.2007 | 09:14

Le gérant de la société Technopure, qui était intervenue sur le désamiantage de l’ex-porte-avions « Clemenceau », a été écroué à la prison des Baumettes dans la nuit de jeudi à vendredi, a-t-on appris de source judiciaire.

Jean-Claude Giannino avait été mis en examen dans la soirée par le juge d’instruction Charles Duchaine pour « faux, usage de faux en récidive et corruption ». De source proche de l’enquête, on déclarait jeudi qu’il aurait reconnu avoir surfacturé le montant des travaux de désamiantage effectués par sa société d’octobre 2004 à mars 2005 dans le but d’avoir le marché. Il intervenait comme sous-traitant d’une société de droit panaméen, qui avait été désignée comme l’attributaire officiel du marché au nom de l’Etat français.

Le gérant de la société panaméenne, qui aurait perçu d’importantes sommes en espèces, a été mis en examen pour « escroquerie au préjudice de l’Etat ». Il a lui aussi été écroué aux Baumettes dans la nuit. Il conteste toutefois avoir perçu les sommes en question, précise-t-on de même source.

L’enquête a mis au jour une série de surfacturations, de bordereaux fictifs liés aux travaux de désamiantage du navire et le dégagement d’importantes sommes en espèces. Pour s’attirer les bonnes grâces de l’attributaire du marché, la société de droit panaméen, l’entreprise Technopure trichait sur le montant des prestations. Au total, le montant des surfacturations dépasserait 600.000 euros. Il aurait permis de dégager plus de 300.000 euros en espèces.

Le gérant de la société Technopure, créée en 1999, domiciliée aux Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône) et liquidée en juin 2006, Jean-Claude Giannino, aurait ainsi consolidé ses relations grâce au système frauduleux mis en place.

Quatre personnes étaient en garde à vue depuis mercredi dans les locaux de la gendarmerie de Marseille. Le parquet de Marseille avait requis le placement en détention des deux hommes. " Pourquoi l’Etat français a-t-il contracté avec une société offshore, une société de droit panaméen qui n’a aucune existence en France ? C’est un mystère ", s’est interrogé jeudi Me Jean-Jacques Campana, l’avocat du gérant de Technopure, joint par l’Associated Press.

Les quatre mis en cause avaient été interpellés mercredi à la suite d’une dénonciation, en juin 2006, à Tracfin, la cellule du ministère des Finances spécialisée dans la lutte contre l’argent sale. L’affaire avait dès lors été confiée à un magistrat du pôle financier de la JIRS de Marseille, la juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre la criminalité organisée.

Parallèlement, Michèle Alliot-Marie, l’ex-ministre de la Défense, avait demandé en février 2006 que soit ordonnée une enquête sur deux points : d’une part l’écart de 30 tonnes constaté entre le poids de l’amiante que Technopure dit avoir retiré du « Clemenceau » et le poids pesé par le centre d’enfouissement de Bellegarde (Gard), et d’autre part la disparition d’un certain nombre d’équipements de bord composés de différents autres métaux non ferreux.

De son côté, M. Giannino a porté plainte contre X en début d’année pour « dénonciation calomnieuse » à la suite des désagréments commerciaux causés à sa société. Cette autre information judiciaire est en cours depuis avril 2007 et instruite par la juge marseillaise Carole Sayous.

Le « Clemenceau », ex-fleuron de la Marine nationale, est à quai à Brest depuis mai 2006, après une vaine tentative de démantèlement en Inde. Une expertise du bureau Veritas, rendue publique en décembre 2006, a recensé la présence d’amiante sur 17,4 km de tuyaux et 2,8 km de gaines. L’amiante est aussi présent dans les dalles, les matelas, la peinture, les câbles électriques, les joints et les mastics.

© AP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Associated Press.

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