Enquête anticorruption sur Airbus : comment donner le dernier coup de pouce aux ventes délicates

Jeudi 20 décembre 2018

Économie

Enquête anticorruption sur Airbus : comment donner le dernier coup de pouce aux ventes délicates

Pour rémunérer des intermédiaires influents, certaines multinationales utilisent des structures « respectables » comme sas de versement.

Par Marie-Béatrice Baudet et Chloé Aeberhardt Publié aujourd’hui à 12h18, mis à jour à 12h18

Depuis le renforcement, en 2009, de la lutte internationale contre la corruption d’agents publics étrangers, les entreprises fraudeuses ont dû faire preuve d’imagination pour remplacer les porteurs de valises qui distribuaient des bakchichs. Des flux d’argent transitent désormais au travers de paradis fiscaux et, autre scénario possible, la création de structures a priori respectables (ONG, associations…), mais qui servent en réalité de « sas » de versement de dessous-de-table. L’objectif est toujours le même : rémunérer un intermédiaire qui, à son tour, verse des pots-de-vin à un officiel en position de décider quelle société se verra attribuer un marché public ou privé.

Tracer ces modes opératoires est un défi pour les parquets financiers. Selon les informations recueillies par Le Monde auprès d’anciens du Strategy and Marketing Organisation (SMO), le département d’Airbus, aujourd’hui dissous, qui aidait les commerciaux à conclure, par tous les moyens, les ventes les plus délicates, plusieurs pistes intéressent les enquêteurs français, anglais et américains. A commencer par les centres de maintenance aéronautique. « Le SMO a utilisé plusieurs centres de maintenance aéronautique [les MRO ou Maintenance, Repair and Operations] créés un peu partout dans le monde et liés à Airbus pour honorer ses engagements envers ses intermédiaires », raconte un ancien du département stratégique.

L’économie du système, utilisé par d’autres firmes internationales, est simple : un constructeur prend une participation dans un MRO créé par l’un de ses intermédiaires, déjà actionnaire de la structure. Pour rémunérer ses services cachés auprès d’officiels, l’industriel a plusieurs options : lui distribuer des dividendes surévalués ; lui racheter ses actions à prix d’or ; lui vendre les siennes à vil prix. Lire la suite.

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