Scandale 1MDB : Goldman Sachs charge son ex-associé pour minimiser sa responsabilité

Vendredi 18 janvier 2019

Scandale 1MDB : Goldman Sachs charge son ex-associé pour minimiser sa responsabilité

L’affaire du fonds souverain malaisien pourrait coûter des milliards de dollars à la banque américaine.

Par Arnaud Leparmentier Publié aujourd’hui à 11h14

Opération diabolisation : l’associé voyou était bigame, il se serait converti à deux reprises à l’islam pour séduire de riches femmes asiatiques, ou encore s’est fait délivrer un doctorat bidon… La banque d’affaires américaine Goldman Sachs fait feu de tout bois pour accabler son ancien associé Tim Leissner, 48 ans, accusé d’avoir coorganisé une gigantesque fraude contre l’Etat de Malaisie. Comme le révèle le New York Times, la banque a effectué, en novembre, une présentation au ministère de la justice américain, à Washington, visant à le dénigrer… et à mieux s’exempter elle-même.

L’affaire concerne le fonds souverain 1Malaysia Development Bhd (1MDB). Lancé en 2009 et censé être financé par des recettes pétrolières, ce fonds porté par le premier ministre de l’époque, Najib Razak, devait aider au développement de la Malaisie.

Sur les conseils de Tim Leissner, alors patron de Goldman Sachs pour l’Asie du Sud-Est, 1MDB a levé 6,5 milliards de dollars (soit 5,7 milliards d’euros) au cours de trois émissions obligataires réalisées entre 2012 et 2013. Et tout le monde s’est servi, très bien servi. Goldman Sachs a facturé des commissions abyssales pour 600 millions de dollars, tandis que les capitaux se sont évanouis dans la nature à hauteur de 2,7 milliards de dollars, au minimum, grâce à des banques obscures, aux Seychelles et dans d’autres paradis fiscaux.

Eteindre l’incendie

Parmi les bénéficiaires : Najib Razak, premier ministre de Malaisie de 2009 à 2018, aujourd’hui assigné à résidence et en attente de procès ; son conseiller occulte, Jho Low, « cerveau » présumé de l’escroquerie, aujourd’hui en fuite ; un gérant du fonds souverain d’Abou Dhabi ayant cofinancé l’affaire ; et l’associé de Goldman Sachs Tim Leissner. Ce dernier, qui aurait ainsi détourné 50 millions de dollars, a été licencié de Goldman en 2016 et a plaidé coupable pour corruption et blanchiment à l’été 2018 devant la justice américaine.

Le patron de la banque d’affaires a présenté des excuses. Mais la Malaisie ne se satisfait pas de cette repentance.

Mais, depuis, Goldman Sachs cherche à éteindre l’incendie. Le scandale est une catastrophe pour la banque. Politique, alors que l’affaire ternit une fois de plus son image, et financière. Elle a provisionné fin 2018 516 millions de dollars supplémentaires, et l’affaire pourrait lui coûter 2 milliards de dollars au-delà des provisions déjà effectuées, selon des sources internes citées par le Times. Lire la suite.

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