Le Royaume-Uni éclaboussé par le « lavomatic Troika »

Samedi 9 mars 2019

Le Royaume-Uni éclaboussé par le « lavomatic Troika »

Après le passage par les pays baltes et scandinaves, l’argent du scandale du « lavomatic Troika » a transité par des paradis fiscaux et des sociétés opaques.

Par Eric Albert Publié aujourd’hui à 10h22, mis à jour à 10h22

Le scandale du « lavomatic Troika » a mis au jour un des principaux circuits de blanchiment de l’argent sale russe. Révélé lundi 4 mars par l’association Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et le site lituanien 15min.lt, en coopération avec 21 médias internationaux, il expose comment la banque privée russe Troika Dialog (qui n’existe plus en tant qu’entité séparée, ayant été rachetée en 2012 par Sberbank, la première banque nationale russe) a permis de faire sortir au moins 4,6 milliards de dollars (4,1 milliards d’euros) de Russie entre 2006 et 2013.

Le circuit présente comme toujours les quatre ingrédients incontournables pour le blanchiment d’argent. Il faut d’abord une ou plusieurs banques peu regardantes. En l’occurrence, Ukio, en Lituanie, fermée en 2013 par le régulateur, était l’établissement central du montage. Deux petites banques néerlandaises, Amsterdam Trade Bank, dont les actionnaires étaient russes, et GarantiBank, détenue par des Turcs, auraient aussi reçu près du tiers du flot d’argent sale.

Ensuite, il faut trouver des prête-noms. Troika Dialog est allée les chercher chez des Arméniens sans le sou. L’OCCRP en a retrouvé un, qui vit dans un appartement non chauffé et va parfois travailler à Moscou sur des chantiers, et qui ignorait que sa signature avait été utilisée.

75 sociétés offshore

Pour le troisième ingrédient, le Royaume-Uni et ses paradis fiscaux entrent en jeu. Le « lavomatic Troika » fonctionnait sur la base de 75 sociétés offshore, qui faisaient circuler l’argent dans d’obscures transactions très difficiles à suivre. Trois sociétés des îles Vierges britanniques, un territoire d’outre-mer britannique, jouaient un rôle essentiel dans ce montage.

Là-dessus se sont ajoutées des sociétés britanniques dites « partenariats à responsabilité limitée » (Limited Liability Partnerships, LLP). Très faciles et rapides à créer, elles ont l’immense avantage de ne pas nécessiter d’auditeurs pour contrôler leurs comptes. Une large partie de l’argent qui a circulé dans le cadre du « lavomatic Troika » est passée par un millier de LLP. L’une d’entre elles répondait, par exemple, au doux nom de Roberta Transit LLP. Créée en 2007 et fermée un an plus tard, elle n’a jamais soumis de comptes et a annoncé au registre du commerce qu’elle était dormante. Pourtant, d’après les données analysées par l’OCCRP et ses partenaires, 177 millions de dollars de transaction sont passés par Roberta Transit. Lire la suite.

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