Pression sur l’investigation

Samedi 25 mai 2019

Pression sur l’investigation

Une enquête qui dérange ? Rien de tel que la menace d’un “procès bâillon” pour faire taire éditeurs et médias en les affaiblissant financièrement.

Par Hélène Riffaudeau Publié le 25 mai 2019 à 15h00

Une frêle éditrice contre les relais de Poutine. Marie-Edith Alouf n’imaginait pas que le livre-enquête d’une spécialiste de la Russie, la professeure d’université Cécile Vaissié, lui vaudrait un cauchemar judiciaire. Elle s’est retrouvée traînée en justice par six plaignants, qui jugeaient diffamatoire « les Réseaux du Kremlin en France ». Ce 31 mai, le tribunal statuera, de fait, sur la survie des Petits Matins, sa maison d’édition. Avec l’auteure, Marie-Edith Alouf se voit réclamer 50 000 euros de dommages et intérêts, sans compter les 26 000 euros de frais de justice, pour un livre qui ne s’est vendu qu’à… 2 500 exemplaires : "« Si nous sommes condamnées, nous devrons mettre la clef sous la porte. Et si nous sommes blanchies, nous aurons tout de même perdu plusieurs milliers d’euros… »"

Un autre indépendant, le site d’information Bastamag, a vécu la même expérience. Attaqué par Bolloré, il a gagné sur toute la ligne, mais, sur les 13 000 euros déboursés en frais d’avocats, 2 000 seulement lui ont été remboursés. Epuiser le temps, l’énergie, les finances des lanceurs d’alerte, ONG et médias, c’est la politique menée délibérément par de grands groupes pour museler le débat public. Les Français sont avides de « révélations ». Pourtant, l’investigation est en passe de devenir un luxe. Lire la suite.

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