Un rapport dénonce l’inertie de Malte sur le meurtre de Galizia

Lundi 27 mai 2019

Un rapport dénonce l’inertie de Malte sur le meurtre de Galizia

27 mai 2019 Par Agence Reuters

  • Mediapart.fr

Un rapport, qui sera débattu fin juin à Strasbourg par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, dénonce l’inaction des autorités de Malte dans l’enquête sur le meurtre de la journaliste Daphne Caruana Galizia ainsi que le manque d’indépendance de la justice dans cet Etat de 450.000 habitants.

STRASBOURG (Reuters) - Un rapport, qui sera débattu fin juin à Strasbourg par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, dénonce l’inaction des autorités de Malte dans l’enquête sur le meurtre de la journaliste Daphne Caruana Galizia ainsi que le manque d’indépendance de la justice dans cet Etat de 450.000 habitants.

La journaliste d’investigation, qui dénonçait sur son blog des affaires de corruption impliquant des responsables politiques de l’île, dont le Premier ministre Joseph Muscat, a été tuée par une voiture piégée le 16 octobre 2017.

Trois hommes soupçonnés d’avoir commis le meurtre ont été inculpés en décembre 2017. Ils ont plaidé non coupable tandis que les commanditaires n’ont toujours pas été identifiés.

« Dix-huit mois après avoir été présentés à un juge, les trois hommes suspectés du meurtre de Caruana Galizia n’ont toujours pas été jugés », écrit Pieter Omtzigt, un parlementaire néerlandais démocrate-chrétien auteur du rapport que Reuters a obtenu. « Dans deux mois, ils devront être remis en liberté. »

Son rapport sera examiné mercredi à Paris par la commission des Affaires juridiques et des droits de l’homme de l’Assemblée parlementaire et, en cas d’adoption, sera soumise en juin aux élus du Conseil de l’Europe.

La résolution, qu’il soumettra au vote des élus des 47 Etats membres du Conseil de l’Europe, demande au gouvernement maltais l’ouverture d’une « enquête publique indépendante » pour relancer des investigations qui avancent « à pas de tortue ».

Les freins vont de la récusation de plusieurs magistrats et d’un officier de police pour conflit d’intérêt au retrait du dossier au magistrat enquêteur par le Premier ministre lui-même, après « plusieurs mois de travail », en passant par l’absence d’investigations sur les contacts qu’un ministre et des policiers auraient eu avec les assassins. Ou encore le désintérêt des enquêteurs maltais pour des éléments de preuve proposés par la police allemande.

La résolution dénonce également l’absence d’un système de contre-pouvoirs dans l’île-Etat et la soumission à l’exécutif des juges ou du préfet de police, nommés par le Premier ministre, comme des parlementaires qui, élus à temps partiel, complètent leur revenus par un emploi public grassement payé.

« Les récents événements à Malte illustrent les dommages sérieux qui peuvent résulter des défaillances du système », ajoute Pieter Omtzigt, pour qui les défaillances de cet Etat membre de l’Union européenne constituent « une vulnérabilité pour toute l’Europe ».

« Un visa maltais est un visa Schengen et une banque maltaise donne accès à l’ensemble du système bancaire européen », souligne-t-il, ajoutant que « si Malte ne corrige pas ou ne veut pas corriger ces faiblesses, les institutions européennes doivent intervenir ».

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