Suisse : le mystère de « l’avion de Raymond Barre »

Lundi 8 juillet 2019

Suisse : le mystère de « l’avion de Raymond Barre »

En 1986, les centristes ouvrent un compte à Genève pour financer la campagne de Raymond Barre à l’élection présidentielle. Qu’est devenu l’argent ?

De notre correspondant à Genève, Ian Hamel Modifié le 08/07/2019 à 10:39 - Publié le 08/07/2019 à 10:04 | Le Point.fr

En 1986, avec le retour de la droite au pouvoir, Pierre Méhaignerie est nommé ministre de l’Équipement et du Logement dans le gouvernement de Jacques Chirac. Il confie à l’un de ses proches, François Froment-Meurice, ancien secrétaire adjoint du Centre des démocrates sociaux (CDS), le soin d’ouvrir un compte à Genève. Pour plus de discrétion, Albert Jacques, patron de la société fiduciaire Tecafin, mandaté pour mener l’opération, choisit l’Union des banques suisses (UBS), mais dissimule l’opération derrière une société panaméenne baptisée Sun Investments International. Cette caisse noire doit non seulement alimenter les comptes du parti centriste à l’abri des regards, mais surtout répondre aux ambitions présidentielles de Raymond Barre, possible candidat en 1988.

De grandes sociétés tricolores donnent aux « bonnes œuvres », notamment celles spécialisées dans la promotion immobilière, la grande distribution, le bâtiment et les travaux publics. Parmi lesquelles Bouygues, Castorama, Continent, Promodes. « Les dirigeants nationaux du parti savaient que ce système existait, qu’il y avait une structure suisse et française, mais ils n’en connaissaient pas les détails », confie en 1995 François Froment-Meurice à la justice. Très pudiquement, au CDS, on appelait cette caisse noire « l’avion de Raymond Barre ». Il faut rappeler qu’avant la loi de 1990 sur le financement des partis, toutes les formations politiques françaises « bricolaient ». Les centristes n’échappaient pas à la règle. Selon la législation helvétique de l’époque, Tecafin, la fiduciaire genevoise, ne faisait rien d’illégal. Lire la suite.

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