Slovaquie : l’enquête sur le meurtre d’un journaliste touche la classe politique

Lundi 19 août 2019

Slovaquie : l’enquête sur le meurtre d’un journaliste touche la classe politique

Par L’Obs avec AFP Publié le 19 août 2019 à 19h15

Bratislava (AFP) - Des procureurs slovaques ont déclaré lundi qu’ils se penchaient sur les contacts entre des hommes politiques et le commanditaire présumé du meurtre du journaliste d’investigation Jan Kuciak, tué en février 2018.

Cette annonce survient dans le sillage de fuites dans les médias de textos où des suspects se vantent de leurs relations avec des politiciens, dont l’ancien Premier ministre Robert Fico, forcé de démissionner à la suite de l’assassinat de Kuciak et de sa fiancée.

« Des représentants des autorités publiques de différents niveaux ont communiqué avec Marian » Kocner, l’entrepreneur accusé d’avoir ordonné le meurtre du journaliste qui avait enquêté sur ses activités, a dit aux journalistes un procureur spécial sous couvert de l’anonymat, sans donner de noms.

« J’invite fermement ces gens à se manifester et à expliquer personnellement ces communications », a dit le magistrat, ajoutant que les responsables en questions pouvaient avoir commis des délits.

Des manifestations avaient poussé M. Fico à démissionner, mais il garde la direction du parti populiste de gauche au pouvoir Smer-SD et des relations étroites avec son successeur Peter Pellegrini.

Cinq personnes sont accusées du double meurtre, dont le promoteur immobilier Kocner et son ex-interprète Alena Zs.

Kocner se dit innocent, selon son avocat Marek Para. Ce dernier n’a pas démenti l’authenticité des textos cités dans la presse, mais déclare que leur contenu « ne concerne pas du tout l’acte » reproché à son client.

Dans ses chats avec Alena Zs, Kocner appelle Fico « Tête carrée », comme le font souvent ses compatriotes.

« Je crains que Tête carrée ne s’en tirera pas », a écrit Kocner quelque jours après le crime.

Plus tard, quand Fico avait déjà quitté son poste, Kocner a annoncé à sa correspondante qu’il allait « rendre visite à Tête carrée et lui donner un coup de pied au derrière ».

La semaine dernière Fico a reproché à l’opposition et aux médias de mener « une sorte de jihad » contre lui et son parti.

Un analyste de Bratislava, Pavol Babos, pense qu’« il n’est pas exclu que Kocner se soit vanté de choses qui n’étaient pas vraies, pour faire une grande impression ».

Il est trop tôt, a-t-il dit à l’AFP, pour savoir si l’affaire des textos aura un impact sur les législatives prévues en mars 2020. Mais tant Fico que son ancien ministre de l’Intérieur Robert Kalinak « sont en train de perdre définitivement leur potentiel de créer une coalition ».

Revenir en haut