La Suisse reste numéro un mondial de la gestion de fortune

Mercredi 9 octobre 2019

La Suisse reste numéro un mondial de la gestion de fortune

Au moment où l’Europe s’apprête à retirer le pays de la liste des paradis fiscaux, un livre raconte 60 ans de compagnonnage entre la Suisse et l’argent sale.

De notre correspondant à Genève, Ian Hamel Publié le 09/10/2019 à 08:34 | Le Point.fr

En juillet 1962, Agostino Soldati, ambassadeur de Suisse à Paris, rencontre Maurice Couve de Murville, alors ministre des Affaires étrangères sous la présidence du général de Gaulle. Les deux hommes abordent la question de l’argent des Français en Suisse. Apparemment, le ministre français se montre très rassurant, puisque le 20 juillet, Agostino Soldati écrit à ses chefs à Berne : « Tous les dirigeants souhaitent secrètement qu’il [le secret bancaire] soit maintenu ! » Il ajoute qu’il n’y a peu d’hommes influents « représentatifs pour les partis du centre ou de la droite (même du centre gauche) qui n’utilisent ce système de fait ».

C’est l’une des anecdotes contenues dans La Suisse et l’argent sale – 60 ans d’affaires bancaires, que publie Roland Rossier, journaliste économique à La Tribune de Genève (*). Maurice Couve de Murville, futur Premier ministre, était peut-être au courant qu’en novembre 1959, François Mitterrand avait perçu 500 000 francs versés par un mystérieux banquier genevois, Jean-Pierre François. Né Joachim Pick Felberbaum en 1922 à Vienne, il devient d’abord Jean-Pierre Felber en 1939 à Genève, puis Jean-Pierre François durant la guerre, où il se lie d’amitié à Limoges avec Roland Dumas, futur ministre des Affaires étrangères sous la présidence de François Mitterrand.

74 milliards non déclarés détenus par des Français

Pour l’anecdote, on retiendra que Jean-Pierre François a fait fortune en vendant des fusils-mitrailleurs Beretta au Pakistan, avant de diriger la Banque romande, de devenir consul honoraire du Panama pour la Suisse, et surtout le « conseiller occulte » de François Mitterrand, pour reprendre ses propres déclarations. Ce n’est pas le seul personnage pittoresque que Roland Rossier a croisé sur les bords du lac Léman depuis les années 1980. Au temps où le Code pénal helvétique ignorait le blanchiment d’argent. Lire la suite.

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