Le procès des militants climatiques devient celui des banques

Mardi 7 janvier 2020

Le procès des militants climatiques devient celui des banques

Douze manifestants pour le climat comparaissaient ce mardi à Renens pour l’occupation illicite d’une filiale de Credit Suisse en 2018. Leur mise en accusation a rapidement posé la question du rôle joué par la finance dans le changement climatique

Boris Busslinger Publié mardi 7 janvier 2020 à 20:18, modifié mardi 7 janvier 2020 à 20:18

Déguisés en joueurs de tennis, ils avaient occupé les locaux de la filiale lausannoise de Credit Suisse (CS) en novembre 2018 pour attirer l’attention sur les émissions de gaz à effet de serre générés par la place financière – et interpeller Roger Federer, ambassadeur de la banque. A la suite d’une plainte de cette dernière, les 12 manifestants âgés de 21 à 34 ans ont été inculpées de violation de domicile, refus de se conformer aux ordres d’un agent de police et défaut d’autorisation de manifester.

Condamnés par ordonnance pénale à une amende culminant à 21 600 francs – total qui compte également les jours-amendes avec sursis –, ils ont fait opposition, ce qui a ouvert la voie au procès. Dans une salle comble, leur premier jour d’audience se déroulait ce mardi. Il a vite dépassé le cas d’espèce pour poser la question suivante, presque philosophique : au vu des données scientifiques actuelles sur la crise climatique, la désobéissance civile peut-elle être considérée comme licite ?

[…] « Credit Suisse ne tolère pas d’attaque sur ses filiales »

Mais ni le Vaudois ni la scientifique ne sont des spécialistes de la finance. Or, ce sont bien les investissements de Credit Suisse qu’ont voulu condamner les manifestants.

[…] Jérémy Désir : ancien analyste quantitatif spécialisé dans le trading algorithmique chez HSBC à Londres, ce Français s’est fait connaître l’année dernière en quittant son poste avec fracas tout en livrant un long rapport sur les pires dérives qu’il a pu observer lors de ses années dans le secteur. A la barre, il est incisif.

« La finance a absolument besoin de croissance puisque la dette proposée à l’industrie doit être remboursée avec un taux d’intérêt, ouvre-t-il. Or l’énergie nécessaire à cette croissance est à 90% fossile. Les grandes banques le savent et, en soutenant le système, elles bafouent sciemment l’Accord de Paris sur le climat. CS fait par ailleurs partie des institutions qui ont assisté en décembre l’introduction en bourse d’Aramco (compagnie nationale saoudienne d’hydrocarbures) alors que le traité mentionne expressément la nécessité de se tourner vers les énergies renouvelables. » Pendant une heure, le mathématicien taille un costume au monde qui était le sien il y a peu. Philippe Colelough n’aura que peu de questions complémentaires. Lire la suite.

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