Enquête
De Singapour à la Suisse, des millions de dollars engloutis
Le raz-de-marée provoqué par la pandémie de coronavirus a emporté le cours du brut et dévoilé les mauvaises pratiques de certains traders à Singapour. La deuxième vague fait désormais trembler leurs créanciers de l’arc lémanique. A l’image de la Banque de Commerce et de Placements (BCP), qui se retrouve avec un trou financier de près de 20 millions de dollars, comme le révèle Public Eye.
Adrià Budry Carbó et Agathe Duparc, 29 mai 2020
« Il n’y a que quand la marée baisse que l’on voit ceux qui nageaient nus ». En finance, les bons mots ne prennent jamais la poussière, même lorsque les crises se suivent sans se ressembler. On sait désormais que la citation du milliardaire Warren Buffet est aussi valable en temps de pandémie, et que ceux qui financent le commerce de matières premières seraient bien inspirés d’en tirer certaines leçons.
Sur l’arc lémanique, plusieurs grands acteurs du négoce se retrouvent désormais pris au piège d’une succession de faillites de traders singapouriens. Au rang des lésés : le trader genevois Totsa, la branche singapourienne de Crédit Agricole (dont les activités de négoce sont en partie pilotées depuis ) et la discrète Banque de Commerce et de Placements (BCP), installée dans les rues basses genevoises. Pendant les années Obama, la BCP était connue pour être l’un des rares établissements autorisés par l’OFAC, le service de contrôle des avoirs étrangers américain, à faire des affaires avec l’Iran. Credit Suisse apparait aussi dans la liste des sociétés créancières en raison de cargaisons financées en mars 2018, pour un montant inconnu.
Dans le monde très confidentiel du négoce, tout le monde observe ces développements avec appréhension mais personne n’a souhaité s’exprimer à visage découvert. Lire la suite.