Le juge qui a fait trembler Monaco témoigne dans « Pièces à conviction »

Mardi 9 juin 2020

VIDEO. Le juge qui a fait trembler Monaco témoigne dans « Pièces à conviction »

Il a fait trembler les institutions monégasques. Le 10 juin 2020, « Pièces à conviction » raconte l’histoire d’un juge français qui a mené une lutte sans merci. Pendant plus de deux ans, Edouard Levrault a enquêté sur une affaire de corruption présumée impliquant les plus hauts dignitaires du Rocher. Il livre un témoignage exceptionnel, dont voici un extrait-].

Qui est ce juge d’instruction qui a osé défier Monaco en enquêtant sur les liens troubles de certains représentants du pouvoir avec Dmitri Rybolovlev, milliardaire russe et figure incontournable du Rocher, propriétaire de l’AS Monaco ? Comment ce magistrat détaché par la France a-t-il pu être brutalement débarqué, en août 2019 ? Pour le magazine, Edouard Levrault a accepté de sortir de l’ombre – et de revenir pour la première fois sur les lieux de son enquête.

Des intérêts d’Etat ?

Apprenant sa mise à l’écart, sa première réaction, confie le magistrat, a été celle-ci : « Ils oseront tout. Rien ne les arrêtera. » Et de conclure que « pour le faire de cette manière, c’est que véritablement, les intérêts auxquels [j’étais] en train de toucher sont des intérêts d’Etat ».

L’Etat à Monaco, c’est le palais princier. Il est occupé par le prince Albert II depuis 2005. Comme dans une citadelle moyenâgeuse, le pouvoir se concentre sur quelques centaines de mètres carrés. C’est là que sont installés les hommes que le juge a dû affronter – certains français, d’autres monégasques. Au palais de justice, le bureau d’Edouard Levrault se trouvait à l’étage au-dessous de celui du ministre, Philippe Narmino.

Perquisitionner chez un ministre, une première à Monaco

Un ministre qui, dès les premières révélations du « Monacogate », a annoncé son départ à la retraite anticipée. Ce qui ne l’a pas empêché d’être placé en garde à vue : le juge Levrault voulait enquêter sur ses liens avec le milliardaire russe. Pour éviter « que des preuves puissent disparaître à tout jamais », le magistrat a décidé de perquisitionner le bureau ministériel. Une première à Monaco.

Pourtant, le juge Levrault ne semble guère impressionné. « Pour un magistrat ou un enquêteur qui a le goût de la vérité, c’est une investigation qui ressemble à toutes les autres », assure-t-il. Une seconde perquisition, au domicile de Philippe Narmino, a été conduite par la police du Rocher, tandis celle du palais de justice s’est déroulée en la présence, hautement symbolique, du juge lui-même. « Je ne me voyais pas déléguer l’accomplissement de cette perquisition à un quelconque service d’enquête, témoigne-t-il. C’était à moi de le faire. »

Le juge Levrault ne s’arrêtera pas là : avant d’être écarté, il auditionnera les principaux chefs de la police de Monaco, et saisira les comptes de la Croix-Rouge monégasque (une véritable institution sur le Rocher, présidée par le prince en personne)…

Extrait de « Scandales à Monaco : les révélations d’un juge », une enquête à voir dans « Pièces à conviction » le 10 juin 2020.

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