Fifa : après Platini, Blatter face à la justice suisse

Mardi 1er septembre 2020

Fifa : après Platini, Blatter face à la justice suisse

Par L’Obs avec AFP Publié le 01 septembre 2020 à 09h40

Berne (AFP) - Poursuivi depuis 2015 par la justice suisse, l’ex-président de la Fifa Sepp Blatter s’explique mardi sur les 2 millions de francs suisses (1,8 M EUR) versés à Michel Platini, une affaire qui a brisé le parcours dirigeant des deux anciens alliés.

Accompagné de son avocat, mince sourire aux lèvres, le Haut-Valaisan est arrivé vers 07H00 GMT devant le siège du Ministère Public de la Confédération (MPC) à Berne, où l’ancien capitaine des Bleus avait été interrogé la veille sur les mêmes faits.

« C’est le moment où on commence à parler de ce dossier qui dure depuis cinq ans, et sur lequel on ne m’a jamais posé de questions, donc je suis content de pouvoir donner des informations là-dessus », a déclaré l’ancien patron du football mondial en descendant de sa berline.

La durée de son audition n’est pas connue mais la veille, Michel Platini, également arrivé en début de matinée, avait répondu aux questions du procureur Thomas Hildbrand jusqu’à la mi-journée.

Sepp Blatter est visé depuis septembre 2015 par une enquête pour « gestion déloyale », après la découverte du paiement consenti par la Fifa à Michel Platini de 2 millions de francs suisses début 2011, pour un travail de conseiller remontant à la période 1999-2002.

  • Platini évincé -

Ce dossier a valu à Blatter, 84 ans, comme à Platini, 65 ans, une suspension de plusieurs années de toute activité liée au football : le Suisse avait déjà démissionné en juin 2015 en raison de l’énorme scandale de corruption frappant la Fédération internationale de foot (Fifa), mais le Français a dû renoncer à briguer en 2016 la tête de l’instance, pour laquelle il faisait figure de favori.

Michel Platini voit d’ailleurs dans cette affaire « une collusion entre la justice suisse et une clique à l’intérieur et à l’extérieur de la Fifa », visant notamment à l’« éliminer de l’élection à la présidence », accusait-il en avril dernier auprès de l’AFP.

Et si la suspension du N.10 légendaire des Bleus a pris fin l’an dernier, le parquet suisse vient d’élargir ses investigations et poursuit désormais Platini pour « complicité de gestion déloyale, détournement et faux dans les titres ».

Anciens alliés aux relations tumultueuses, Blatter et Platini martèlent depuis cinq ans que cette somme est un reliquat de salaire correspondant à un accord passé entre eux au printemps 1998. Le Haut-Valaisan, entré à la Fifa en 1975 comme directeur du développement, cherchait alors l’appui du triple Ballon d’or pour prendre la tête de l’instance.

  • Contrat oral ? -

« La somme a été validée par la commission des finances. Cela ne peut pas relever du pénal », déclarait encore récemment Blatter à l’AFP, se disant « serein » avant cette nouvelle audition.

Mais la Fifa déplore de son côté l’absence de contrat écrit mentionnant à l’époque une telle rémunération, et en réclame à Michel Platini le remboursement depuis fin 2019 devant la justice civile suisse.

L’affaire est d’autant plus complexe qu’il existe bien une « convention » écrite signée en 1999, après l’accession de Sepp Blatter après la présidence de la Fifa : mais elle prévoit un salaire de 300.000 francs suisses par an pour Michel Platini, loin du million annuel réclamé par l’ancien champion.

Platini comme Blatter ont depuis expliqué cet écart en évoquant les « problèmes de liquidité » que connaissait à l’époque la Fifa. Ils auraient donc prévu que le complément de salaire serait versé par la suite, négligeant simplement de le préciser par écrit, relatait le Tribunal arbitral du sport dans une décision rendue en 2016.

Outre cette affaire, qui vise également l’ancien secrétaire général de la Fifa Jérôme Valcke et l’ex-directeur financier Markus Kattner, la justice suisse a ouvert depuis cinq ans une vingtaine de procédures concernant l’instance suprême du football. Aucune n’a encore trouvé d’épilogue.

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