Le Russe Oleg Deripaska veut créer une holding transnationale de l’automobile

Vendredi 10 août 2007 — Dernier ajout samedi 11 août 2007

ECONOMIE : Le Russe Oleg Deripaska veut créer une holding transnationale de l’automobile

Date de parution : Jeudi 9 août 2007

Auteur : Benjamin Quénelle, Moscou

INVESTISSEMENT. L’oligarque russe vient d’acheter une part de près de 5% dans le capital de General Motors. Un nouvel investissement stratégique pour cet audacieux milliardaire proche du Kremlin.

Oleg Deripaska serait pris d’une fringale de rachats. L’oligarque, l’un des plus riches de Russie, aurait acquis une part de quelque 5% de General Motors. Soit un investissement d’environ 900 millions de dollars, selon le respecté quotidien financier russe Vedomosti citant des sources proches de l’homme d’affaires. Cet achat, non confirmé par la société d’investissements de Deripaska, pourrait s’intégrer dans son vaste projet de créer un holding transnational dans l’industrie de l’automobile. De récentes rumeurs, démenties par l’oligarque, ont circulé sur son possible intérêt pour Jaguar et Land Rover, deux marques mises en vente par Ford.

Déjà propriétaire de Gaz, le deuxième constructeur russe du secteur, Deripaska a bel et bien au printemps conclu une alliance avec l’équipementier canadien Magna et promis d’y investir plus de 1,5 milliard de dollars. Au terme d’une complexe procédure, cet investissement pourrait aboutir à la fusion de Gaz et du numéro un de l’automobile russe Avtovaz. Un projet à rapprocher de celui du Kremlin, soucieux de moderniser cette industrie et de créer un nouveau « champion » russe de la voiture.

Car, s’il est l’un des plus audacieux et imaginatifs hommes d’affaires russes, Oleg Deripaska, 39 ans, serait aussi l’un des oligarques préférés du Kremlin. Talents dans le business et contacts en politique : telle est la méthode Deripaska. D’habitude discret avec les médias, l’homme a récemment déclaré au Financial Times être prêt à « céder » son groupe à l’Etat russe « si l’Etat dit que nous avons besoin de le céder ». Cette déclaration n’a pas manqué d’inquiéter ses nouveaux partenaires canadiens chez Magna, certains craignant l’ombre du Kremlin derrière l’oligarque et une entrée en douceur de l’Etat russe dans le capital de ce fleuron de l’industrie nord-américaine.

Réputé proche du président Vladimir Poutine, Oleg Deripaska est bel et bien devenu en sept ans l’un des plus heureux oligarques, désormais classé selon les sources entre la première et la cinquième position en tête des milliardaires russes (avec une fortune évaluée entre 13 et 21 milliards de dollars).

Près des trois quarts de ses revenus viennent de l’aluminium, le secteur où il a commencé à construire son empire au fil des chaotiques années 1990 et de leurs controversées privatisations. Son groupe, Rusal, est aujourd’hui le leader mondial du secteur grâce à sa fusion au printemps avec son concurrent russe Rual et le groupe suisse Glencore. Une fusion qui a reçu le parrainage… du Kremlin.

Basic Element, la société d’investissements d’Oleg Deripaska, s’est désormais diversifiée : dans la finance (la compagnie d’assurances Ingosstrakh), dans l’aéronautique (le fabricant Aviacor) mais aussi dans le BTP (avec des prises de participation dans les groupes européens de construction : Strabag et Hochtief). Sans oublier l’automobile.

C’est d’ailleurs grâce à la poussée des prix de l’aluminium, alimentée par la forte demande de matières premières des pays émergents, que l’oligarque peut aujourd’hui se permettre de financer sa fringale de rachats. Outre General Motors, Oleg Deripaska vient encore de déclarer son intérêt pour deux autres entreprises, cette fois en Russie même : le pétrolier Russneft et Power Machines, le géant des turbines…

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