Pourquoi la Suisse reste un paradis pour l’argent sale

Mardi 22 septembre 2020

Pourquoi la Suisse reste un paradis pour l’argent sale

Quand la justice suisse séquestre 150 millions d’euros, 15 milliards passent sous les radars. L’ancien patron de la lutte contre le blanchiment tire la sonnette d’alarme.

Par Ian Hamel, correspondant à Genève Publié le 22/09/2020 à 14:00 | Le Point.fr

Ces derniers mois, le palais de justice de Genève était plutôt à l’honneur. Il révélait que Juan Carlos, l’ancien roi d’Espagne, avait planqué 100 millions de dollars dans la cité de Calvin, et plus récemment qu’un homme d’affaires angolais s’était fait séquestrer près d’un milliard de dollars. C’est oublier que, dans le reste de la Confédération, à Berne, Lugano ou Zurich, la justice se montre nettement moins pugnace. Tout cela, c’est « peanuts », révèle Daniel Thelesklaf, l’ancien patron de la lutte contre le blanchiment, qui a démissionné avec fracas du Bureau suisse de communication en matière de blanchiment (MROS), moins d’un an après son entrée en fonction.

Dans une interview accordée lundi à La Tribune de Genève, intitulée « Notre défense contre l’argent sale est un échec », il révèle que si, en 2015, la Suisse a confisqué 190 millions de francs, « la même année, les banques ont déclaré 25 fois plus d’avoirs suspects, soit 4,8 milliards de francs suisses. Depuis 2016, elles déclarent jusqu’à 12 à 17 milliards de francs par an [11,2 à 15,8 milliards d’euros]. Les autorités suisses ne confisquent qu’une infime partie des fonds annoncés par les banques ». Daniel Thelesklaf est un expert international en matière de blanchiment d’argent, de financement du terrorisme et de corruption. Il a notamment été consultant pour le FMI, l’OCDE, le Conseil de l’Europe et l’ONU. Ses propos font l’effet d’une bombe. L’Agefi, le quotidien suisse de la finance, titre sobrement « La défense de la Suisse contre le blanchiment d’argent est inefficace ». Comme le reste de la presse, il fait mine de découvrir cette situation. Lire la suite.

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