Scandale de corruption 1MDB : Goldman Sachs va payer 2,8 milliards de dollars à la justice américaine

Mercredi 21 octobre 2020

Économie Banques / Finance / Assurance

Scandale de corruption 1MDB : Goldman Sachs va payer 2,8 milliards de dollars à la justice américaine

La banque avait participé au pillage du fonds souverain malaisien. C’est la première fois dans ses 151 ans d’histoire qu’elle doit plaider coupable devant la justice fédérale.

Par Arnaud Leparmentier Publié aujourd’hui à 02h36, mis à jour à 08h01

Goldman Sachs va accepter de payer 2,8 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros) et reconnaître sa culpabilité dans le scandale dit 1MDB, afin de mettre fin aux poursuites de la justice fédérale américaine. Cet accord, révélé mardi 20 octobre par le Wall Street Journal, qui devrait être signé cette semaine, s’ajoute aux 2,5 milliards de dollars que la banque d’affaires américaine a accepté de verser à la Malaisie.

A l’origine du scandale planétaire, le fonds souverain (1 Malaysia Development Berhad, ou 1MDB) monté au début de la décennie par cet Etat d’Asie du Sud-Est, sous l’égide du premier ministre d’alors, Najib Razak. Celui-ci avait levé, en 2012 et 2013, 6,5 milliards de dollars de capitaux, avec l’aide de la banque, laquelle s’était offert une commission mirobolante de près de 700 millions de dollars.

Tout le monde s’était servi dans l’affaire, en particulier M. Razak, qui récupéra quelque 700 millions de dollars et fut condamné cet été en première instance par la justice malaisienne à douze ans de prison. Le « cerveau » du forfait est un financier malaisien de 39 ans, Jho Low, aujourd’hui en fuite et dont la rumeur dit qu’il se trouve en Chine. Cet homme d’affaire flamboyant, célèbre pour ses fêtes à Hollywood et à Las Vegas, a agi avec la complicité de deux associés de Goldman Sachs, Roger Ng et Timothy Leissner.

La maison mère échappe à une reconnaissance de culpabilité

La banque a tenté de jouer la partition des associés voyous, mais l’affaire n’a pas marché, car le montant de la commission aurait dû faire tiquer les instances de direction et de contrôle, tandis que le patron de l’époque, Lloyd Blankfein, a participé physiquement à au moins une réunion avec les autorités malaisiennes. Au début de 2019, le conseil de surveillance de Goldman Sachs a annoncé qu’il pourrait ne pas verser une partie des bonus différés dus à M. Blankfein et à son successeur, David Solomon. Surtout, Timothy Leissner, qui avait empoché quelque 200 millions de dollars, a accepté en 2019 de rendre 47 millions de dollars et, de surcroît, a choisi de coopérer avec la justice américaine pour atténuer sa peine.

Cette affaire va coûter à Goldman Sachs plus que les 5 milliards de dollars qu’elle avait accepté de verser pour des poursuites civiles en raison de son rôle dans la vente de produits risqués ayant conduit à la crise financière de 2008. Elle renforce sa réputation de banque sans scrupule dont elle avait tenté de se défaire. Lire la suite.

Revenir en haut