La justice fouille les circuits de blanchiment internationaux du Petit Bar, pilier du crime organisé corse

Mardi 27 octobre 2020

Police et justice Corse

La justice fouille les circuits de blanchiment internationaux du Petit Bar, pilier du crime organisé corse

Investissements offshore, immobiliers… au total 48 millions d’euros auraient pu servir à la bande, dirigée par Jacques Santoni, à blanchir son argent sale.

Par Jacques Follorou Publié aujourd’hui à 12h00

C’est une rencontre inédite entre le crime organisé corse et la finance internationale. On y croise la bande du Petit Bar, dirigée par Jacques Santoni, présenté par la justice comme le « parrain de Corse-du-Sud ». Au contact de ce groupe redouté apparaissent des hommes, souvent millionnaires, vivant entre Londres, Genève, Marrakech et Dubaï. Et entre ces deux mondes, la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) contre le crime organisé de Marseille veut faire la lumière sur des flux financiers suspects vers Hongkong, Luxembourg ou Malte et des dizaines de millions d’euros d’investissements.

A ce jour, les deux juges d’instruction saisis du dossier, Anaïs Trubuilt et Thomas Hirth, n’ont mis personne en examen. En revanche, après deux ans d’enquête, ils ont estimé avoir assez d’éléments pour lancer, la semaine du 28 septembre, une série impressionnante de perquisitions en Corse, sur le continent et en Suisse. Selon les documents judiciaires que Le Monde a pu consulter, les magistrats ont relevé « un investissement global de 48 millions d’euros » suspects qui, selon la justice, aurait pu servir au Petit Bar à blanchir son argent sale.

Ces investigations financières sont nées d’une enquête portant sur des faits criminels visant Le Petit Bar pour la tentative d’assassinat, en septembre 2018, d’un criminel concurrent, Guy Orsoni. Un volet dans lequel les piliers du Petit Bar sont aujourd’hui recherchés, à l’exception de leur chef, Jacques Santoni, tétraplégique, mis en examen pour « association de malfaiteurs en vue de commettre un crime », accusation qu’il réfute.

La sonorisation de l’appartement parisien de Santoni, des écoutes téléphoniques et des filatures auraient, en effet, mis en évidence, depuis 2018, la recherche active par ce groupe, déjà condamné pour trafic de stupéfiants ou extorsion de fonds, de moyens de blanchir le fruit de leurs activités.

Apport de 1,2 million d’euros

En mars 2019, selon les enquêteurs, l’un des lieutenants de Jacques Santoni, Mickaël Ettori, dit « Micka », actuellement en cavale, et Antony Perrino, son ami d’enfance et poids lourd de l’économie corse, manifestent leur intention d’investir dans l’immobilier et dans un restaurant à Courchevel (Savoie), une station de ski de grand standing des Alpes. Une opération fait, en particulier, l’objet d’attention : l’apport de 1,2 million d’euros effectué par Jean-Pierre Valentini, une relation de M. Perrino, dans la SCI Du toit du garage, spécialisée dans la construction et la location de chalets. Lire la suite.

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