En Russie, le pouvoir croissant des enfants du Kremlin

Samedi 19 décembre 2020

International Russie

En Russie, le pouvoir croissant des enfants du Kremlin

Les proches de Vladimir Poutine constituent des dynasties à la tête des grands groupes publics et de l’administration.

Par Benoît Vitkine(Moscou, correspondant) Publié hier à 02h17, mis à jour hier à 20h56

La tendance n’est pas entièrement nouvelle, mais elle se renforce : les puissants de Russie, amis du président ou patrons de ses entreprises et administrations, placent leur progéniture aux postes de commande du pays.

Les nominations de ces trentenaires et quadragénaires ne sont pas secrètes. Il faut seulement défricher une masse de documents administratifs, pas précisément conçus pour être transparents. Mi-novembre, le quotidien Novaïa Gazeta s’y est attelé, recensant dans un long article aux allures de faire-part les derniers mouvements en date dans ce petit monde fermé. La dernière « promotion », pourrait-on dire, des enfants de l’élite propulsés vers les sommets.

Il y a les enfants de Mikhaïl Fradkov, ancien premier ministre, ancien chef du renseignement extérieur et dirigeant de l’entreprise d’armement Almaz-Anteï. Piotr, 42 ans, nommé directeur de la Promsvyazbank, une banque publique meneuse sur le marché de l’armement. Pavel, 39 ans, a, lui, rejoint l’administration présidentielle.

Viktor Khmarine, 42 ans, fils d’un ami d’enfance de Vladimir Poutine consul aux Seychelles, a pris la direction de RusHydro, géant public de la production hydroélectrique. Sergueï Matvienko, fils de Valentina Matvienko, présidente du Conseil de la Fédération et ancienne gouverneure de Saint-Pétersbourg, s’est lancé dans les affaires après avoir été longtemps l’un des dirigeants de la banque publique VTB. L’entreprise de services communaux qu’il a créée dépend intégralement de la commande publique.

Comptes offshore

Une dizaine d’autres noms suivent, plus ou moins célèbres, des membres du premier cercle. Les fonctions auxquelles accèdent leurs enfants ont un point commun : s’il s’agit parfois de postes offrant pouvoir et responsabilité, les charges sont toujours très rémunératrices.

Le premier « poutinisme » se définissait par la mise au pas des oligarques de l’ère Eltsine, un mouvement débuté par l’arrestation de Mikhaïl Khodorkovski, en 2003, et l’absorption de son groupe, Ioukos. Priés de se faire discrets, les maîtres de la Russie des années 1990 ont rapidement été remplacés par une nouvelle classe dirigeante, dont les membres les plus importants se sont transformés en nouveaux oligarques. Leur principal signe distinctif est la proximité avec le chef : amis d’enfance, partenaires d’affaires – au sein de la coopérative Ozero, créée en 1996 par un groupe de voisins de datchas, dont Vladimir Poutine, tous devenus milliardaire –, anciens du KGB, anciens collègues des années pétersbourgeoises… Lire la suite.

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