Corruption au Nigeria : les dirigeants d’Eni et de Shell relaxés par la justice italienne

Mercredi 17 mars 2021

Corruption au Nigeria : les dirigeants d’Eni et de Shell relaxés par la justice italienne

17 mars 2021 Par Agence France-Presse

  • Mediapart.fr

Un tribunal de Milan a relaxé mercredi en première instance les dirigeants des géants pétroliers Eni et Shell mis en cause dans une vaste affaire de corruption au Nigeria qui avait impliqué treize prévenus.

Un tribunal de Milan a relaxé mercredi en première instance les dirigeants des géants pétroliers Eni et Shell mis en cause dans une vaste affaire de corruption au Nigeria qui avait impliqué treize prévenus.

Dans ce procès retentissant, le parquet italien soupçonnait que sur 1,3 milliard de dollars versés par les deux groupes en 2011 pour l’acquisition au Nigeria d’une licence d’exploration du bloc pétrolier offshore OPL-245, 1,092 milliard de dollars constituait des pots-de-vin.

« Ils ont été tous relaxés, car les faits ne sont pas établis », a indiqué à l’AFP un porte-parole d’Eni.

Shell s’est félicité de son côté dans un communiqué de la décision du tribunal : « nous avons toujours maintenu que l’accord de 2011 était légal, conçu pour résoudre un différend juridique de dix ans et débloquer le développement du bloc OPL-245 ».

Le patron d’Eni, Claudio Descalzi, « est réhabilité dans sa réputation professionnelle et Eni en tant que grande entreprise », a commenté l’avocate du dirigeant italien, Paola Severino, après la décision de la 7e chambre du tribunal de Milan.

Le parquet de Milan avait requis en juillet des peines de huit ans de prison pour corruption contre Claudio Descalzi et son prédécesseur Paolo Scaroni, patron d’Eni au moment des faits incriminés.

La décision du tribunal de Milan a été jugée « décevante » par les ONG à l’origine des révélations qui en 2013 ont abouti à l’ouverture d’une enquête judiciaire.

« Nous poursuivrons notre action pour que ces entreprises rendent des comptes. Nous attendons de lire les motivations du jugement et les explications que le tribunal de Milan donnera à propos des soupçons graves mis au jour dans cette affaire », a commenté ainsi l’ONG italienne anti-corruption Re:Common, qui dit espérer qu’un « probable » appel inversera le jugement.

« Ce jugement n’est pas le dernier mot dans ce scandale », a réagi Barnaby Pace, de l’ONG britannique Global Witness.

« Deux intermédiaires ont déjà été reconnus coupables pour leur rôle dans un procès distinct (en Italie en 2018, NDLR). Un procès pénal contre des filiales nigérianes de Shell et Eni est en cours au Nigeria et une procédure menace aux Pays-Bas où Shell a indiqué s’attendre à être poursuivie », a-t-il relevé.

« Nous appelons le parquet de Milan à envisager toutes les options pour un appel », a ajouté M. Pace.

Le parquet avait notamment demandé une peine de sept ans et quatre mois de prison pour Malcolm Brinded, ex-directeur général de la division Exploration et Production de Shell, et de dix ans pour l’ancien ministre nigérian du Pétrole Dan Etete.

M. Etete, qui fait également l’objet d’un mandat d’arrêt nigérian, est toujours recherché dans le cadre de ce scandale.

bh/gab

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