Le journal tessinois « Il Caffè » réduit au silence

Jeudi 6 mai 2021

Médias

Le journal tessinois « Il Caffè » réduit au silence

Après un quart de siècle de journalisme indépendant, parfois gênant, le dominical tessinois sera supprimé cet été. Avec cette disparition, c’est le journalisme d’investigation qui prend un autre coup dur

Andrée-Marie Dussault, Locarno Publié jeudi 6 mai 2021 à 15:53 Modifié jeudi 6 mai 2021 à 16:53

Le journalisme d’enquête est en deuil. Ces jours, la suppression d’Il Caffè sera officiellement annoncée. Sa dernière édition paraîtra en juillet. Le groupe Corriere del Ticino, propriétaire du dominical tessinois, en a décidé ainsi. Il sera remplacé par une publication dont on ne sait pas grand-chose.

Cofondé en 1994 par Giò Rezzonico et Lillo Alaimo, Il Caffè s’est imposé dès 2000 comme le principal média d’enquête au Tessin, en dévoilant le « Ticinogate ». Une affaire de corruption qui s’est révélée le plus grand scandale politique et économique qu’a connu le canton. Le journal gratuit a depuis poursuivi ses investigations, avec succès, malgré les constantes menaces de poursuite judiciaire.

Disparition inquiétante

Supprimer l’une des dernières publications dédiées à l’enquête, c’est très inquiétant, estime Maria-Chiara Fornari, présidente de l’antenne tessinoise du Syndicat suisse des médias (SSM). « Il Caffè a souvent traité des thèmes que les autres médias n’abordaient pas. » On ignore encore de quoi aura l’air le remplaçant d’Il Caffè, mais Maria-Chiara Fornari relève que, lors d’un débat organisé en mars par le Parti socialiste de Lugano, le nouveau rédacteur en chef du quotidien Corriere del Ticino, Paride Pelli, soulignait notamment le « grand potentiel publicitaire » d’un dominical. « Comme journaliste, j’aurais préféré entendre parler un peu plus du profil éditorial de la nouvelle publication. » Elle se demande si l’investigation, « toujours moins présente dans les quotidiens », sera autant valorisée qu’elle l’a été dans Il Caffè. « On a l’impression qu’aujourd’hui, les médias tessinois sont dirigés davantage par des managers que par des journalistes. » La syndicaliste se questionne par ailleurs sur le sort des six salariés du journal. Lire la suite.

Revenir en haut