Russie : avis de recherche international contre ex-PDG du pétrolier Roussneft

Vendredi 31 août 2007

31/08/2007 17:25

MOSCOU (AFP) - Russie : avis de recherche international contre ex-PDG du pétrolier Roussneft

La police russe a annoncé vendredi avoir lancé un avis de recherche international contre l’ex-PDG du groupe pétrolier Roussneft, accusé de fraude fiscale, Mikhaïl Goutseriev, qui dénonce sa « traque ».

"Il y a un mandat d’arrêt international lancé contre lui. L’information a été transmise à Interpol", a dit à l’AFP un porte-parole du ministère russe de l’Intérieur.

L’organisation internationale de la police criminelle, dont le siège est à Lyon, en France, a dit à l’AFP n’avoir pas connaissance d’une sollicitation des autorités russes à ce jour.

M. Goutseriev, à la tête d’une des plus grosses compagnies pétrolières privées russes, s’était dit en juillet l’objet d’une « traque sans précédent » de la part des autorités fiscales et judiciaires et avait annoncé sa démission.

Les poursuites contre sa société (à ne pas confondre avec le groupe public Rosneft) ont été comparées, dans une certaine mesure, à la débâcle de l’empire de Mikhaïl Khodorkovski, l’ancien numéro un du groupe pétrolier russe Ioukos, emprisonné depuis 2003.

Mais si M. Khodorkovski affichait des ambitions politiques, finançant l’opposition libérale, M. Goutseriev était considéré comme un homme d’affaires dans le rang, loin de l’opposition frontale au Kremlin du PDG de Ioukos.

Les poursuites contre lui s’expliqueraient plutôt donc par le contexte plus général de reprise en main par l’Etat des actifs pétroliers du pays ou encore par une vengeance personnelle d’un responsable d’Etat, selon les scénarios envisagés par les analystes.

M. Goutseriev se serait réfugié depuis à Londres, selon des informations de la presse russe.

Si elle se vérifiait, sa présence en Grande-Bretagne pourrait exacerber un peu plus les tensions entre Moscou et Londres, déjà mises à mal par l’affaire de l’empoisonnement dans la capitale britannique de l’ex-agent russe Alexandre Litvinenko.

« Nous ne pouvons pas révéler l’endroit où nous pensons qu’il se trouve », a dit pour sa part le porte-parole du ministère de l’Intérieur.

La Grande-Bretagne a déjà refusé d’extrader plusieurs Russes réclamés par Moscou, au premier rang desquels l’homme d’affaires et opposant Boris Berezovski.

Alors que M. Khodorkovski, qui avait toujours exclu de s’exiler, avait été arrêté manu militari fin 2003 sur un tarmac d’aéroport en Sibérie, M. Goutseriev a réussi jusqu’ici à échapper à la police russe.

Après le mandat d’arrêt prononcé mardi par un tribunal de Moscou, la presse russe avait évoqué son départ vers la Grande-Bretagne via l’Azerbaïdjan, ex-république soviétique du Caucase, riche en pétrole, où il peut compter sur l’amitié du président Ilham Aliev.

Un porte-parole de l’ambassade britannique à Moscou s’est refusé à commenter toute demande de visa individuel. Les autorités azerbaïdjanaises ont quant à elles démenti toute entrée de l’homme d’affaires sur leur territoire.

Il n’a plus été vu en Russie depuis les obsèques de son fils, Tchingiskhan, décédé la semaine dernière dans des circonstances troubles selon le journal Kommersant.

Le jeune homme, qui travaillait avec son père après avoir étudié en Grande-Bretagne, est mort d’une hémorragie cérébrale après un accident de voiture, au volant de sa Ferrari. Mais selon Kommersant, aucun accident l’impliquant n’a été signalé.

M. Goutseriev, chimiste de formation, est un homme d’affaires respecté. D’origine ingouche, peuple du Caucase russe, il a débuté sa fortune en créant une banque juste après la chute de l’URSS. Il a également été député.

Il est le 31e homme le plus riche du pays selon le magazine Forbes, qui estime sa fortune personnelle à 3,1 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros).

Son fondateur enfui, l’avenir du groupe Roussneft, l’un des dix plus gros producteurs russes avec 2,8% de la production totale, est en suspens, alors que des procédures de saisie de ses actions ont été lancées.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

Visitez le site de l’Agence France Presse.

Revenir en haut