Les paradis fiscaux au cœur des marchés

Vendredi 29 octobre 2021

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Les paradis fiscaux au cœur des marchés

Le 28 Octobre 2021 Alternatives Economiques n°417 Modifié Il y a 1 semaine

[La face sombre de l’économie de marché] Apparus au XIXe siècle, les paradis fiscaux sont désormais une composante importante de la mondialisation. Et de l’internationalisation de la dissimulation.

L’art de la dissimulation fiscale existe depuis longtemps. On peut s’amuser à retracer depuis l’Antiquité la façon dont certains sénateurs romains créaient des sociétés écrans pour cacher la propriété de leurs terres et échapper à l’impôt foncier. Au XVIIIe siècle, la noblesse française connaissait déjà le chemin de Genève pour y placer son argent dès que le pays s’agitait un peu trop. Mais c’est plutôt au siècle suivant que démarre le phénomène des paradis fiscaux comme territoires offrant des astuces juridiques permettant de découpler l’endroit où l’on touche un revenu (salaires, intérêts, dividendes, profits…) et celui où ce revenu sera officiellement déclaré, et donc contrôlé et taxé. Ces territoires sont devenus, depuis, des infrastructures clés des marchés mondialisés.

La première mondialisation

Le phénomène des paradis fiscaux est contemporain de ce que les économistes ont appelé la première mondialisation, de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale. Une période durant laquelle les Etats pensaient qu’il était bon que les capitaux circulent facilement entre les pays et où les premières multinationales industrielles (Singer, BASF, De Beers…) se développent.

Dans sa thèse de doctorat publiée en 1933 et intitulée Les comptes internationaux de la France, 1880-1913, l’économiste Harry Dexter White – futur négociateur des accords de Bretton Woods pour les Etats-Unis, puis espion soviétique reconnu ! – souligne combien la détention d’obligations émises par des entreprises étrangères était utilisée par les investisseurs français pour échapper aux impôts. Pour la raison simple que ces titres étaient « au porteur », c’est-à-dire complètement anonymes quant à leur propriétaire. Dès avant la guerre Lire la suite.

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