Joe Biden renonce à taxer les milliardaires

Vendredi 29 octobre 2021

International États-Unis

Joe Biden renonce à taxer les milliardaires

Le président américain a dû consentir à diminuer de moitié son plan de mesures sociales et environnementales pour espérer le voir adopté par le Congrès. Un compromis qui enterre le projet d’impôt sur les grandes fortunes.

Par Arnaud Leparmentier (New York, correspondant) Publié aujourd’hui à 00h52

« Payez votre juste part ! » : Joe Biden a répété à trois reprises cette injonction, jeudi 28 octobre, à destination des milliardaires. Cette incantation ne saurait masquer la réalité tombée dans la nuit : le président des Etats-Unis a bel et bien renoncé à taxer les milliardaires en abandonnant le projet de quasi-impôt sur la fortune. L’idée était d’imposer les plus values latentes des 700 milliardaires américains au taux de 23,8 %, ce qui aurait conduit les deux hommes les plus riches de la planète, Elon Musk (Tesla) et Jeff Bezos (Amazon) à payer 50 et 45 milliards de dollars sur cinq ans, selon les calculs de l’économiste français Gabriel Zucman. De même, l’idée de remonter le taux d’impôt sur les sociétés de 21 % à 28 % a-t-elle été abandonnée. Il n’y a aucune taxation du carbone, à l’approche du sommet de Glasgow sur le climat mais cela n’a jamais été envisagé.

Comme Joe Biden s’est engagé à ne pas pénaliser les Américains gagnant moins de 400 000 dollars par an, il a annoncé une série de serrages de vis sur les entreprises et les plus riches pour encaisser quelque 2 000 milliards de dollars sur huit ans. L’enjeu étant de financer son plan social, dont le montant a été divisé par deux, à 1 750 milliards de dollars sur six à dix ans.

Ainsi, le taux minimum d’imposition des entreprises sera de 15 %, les profits off-shore seront davantage taxés, dans le cadre des accords de l’Organisation de coopération et de développement économiques, tandis que les hauts revenus auront une surtaxe, de 5 % au-delà de 10 millions de dollars, de 8 % au-delà de 25, ce qui entraînera une taxation marginale fédérale maximale de 45 %. L’instrument le plus puissant est le renforcement des moyens du fisc, censés rapporter 400 milliards de dollars.

Biden ne peut guère faire de révolution

Les révolutions attendront. Avec un Sénat à parité entre démocrates et républicains, M. Biden ne peut guère faire de révolution. Déjà cet hiver, il avait dû renoncer à augmenter le salaire minimum fédéral à 15 dollars de l’heure. Celui-ci reste bloqué à 7,25 dollars de l’heure depuis 2009, à la suite d’une décision prise sous George W. Bush.

Côté dépenses, le plan de Joe Biden se divise essentiellement en trois grands chapitres, l’environnement – ce sujet était initialement dans le plan infrastructures – pour 550 milliards de dollars, la politique de l’enfance et familiale pour 750 milliards, le logement et la santé pour 350 milliards. « Cela a été un processus budgétaire désordonné et frustrant. Mais on aboutit à un travail raisonnable qui donne la priorité à certains domaines les plus importants comme le climat, l’enfance et la couverture santé pour ceux qui n’en ont pas », s’est réjoui Jason Furman, professeur à Harvard et ancien conseiller économique de Barack Obama. Lire la suite.

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