« Sokalique » : forte probabilité sur la responsabilité du cargo, selon le procureur

Mardi 4 septembre 2007 — Dernier ajout mercredi 23 janvier 2008

Société

« Sokalique » : forte probabilité sur la responsabilité du cargo, selon le procureur

AP | 04.09.2007 | 17:34

illustration : Reproduction d’une photo non datée prise à Plouescat du caseyeur « Sokalique » qui a sombré au large d’Ouessant le vendredi 17 aoüt 2007. Le Duff/AFP.

L’enquête menée par le parquet de Morlaix (Finistère) après la collision mortelle du cargo « Ocean Jasper » avec le bateau de pêche breton « Sokalique » le 17 août au large d’Ouessant (Finistère) a déterminé qu’il y a de « fortes probabilités » pour que l’équipage du cargo « Ocean Jasper » soit « coupable de délit de fuite et de non-assistance à personnes en danger », a déclaré mardi à la presse le procureur de la République de Morlaix Laurent Fichot.

Le « Sokalique » basé à Roscoff (Finistère) a coulé dans la nuit du 16 au 17 août après avoir été percuté à 100km au nord d’Ouessant par un navire de commerce qui a poursuivi sa route. Six marins du « Sokalique » ont eu la vie sauve en montant dans un radeau de survie avant que leur bateau ne sombre mais pas le patron de pêche, Bernard Jobard.

Le vraquier « Ocean Jasper », qui bat pavillon des Iles Kiribati, a rapidement été considéré comme le suspect No1 et dérouté vers Brest le 18 août où il est depuis consigné, son équipage à bord.

La collision étant survenue dans les eaux internationales, la Convention du droit maritime de Montego Bay autorise l’Etat du pavillon, en l’occurrence l’archipel des Kiribati dans le Pacifique, à juger sur son territoire les responsables d’un naufrage.

Toutefois "si on écarte ce texte qui est dominant dans la situation (…), il y a des charges lourdes (…) pour mettre en examen« le capitaine, a ajouté le procureur. Lors de son audition, le second de passerelle du vraquier a reconnu »avoir heurté, effectivement le navire« et l’avoir dit au capitaine, selon M. Fichot. Le capitaine aurait alors fait effectuer »des réparations de fortune sur l’avant de sa coque, l’avant tribord, qui présentait un trou".

Les traces de peinture relevées autour de la brèche établissent « formellement » que le vraquier « a été impliqué dans cette collision », a martelé le magistrat. Lorsque le CROSS-CORSEN (Centre régional opérationnel de surveillance et de secours) l’a appelé quelques heures après la collision, il a indiqué avoir modifié sa route en raison du mauvais temps. Or, la météo était tout à fait favorable, selon M. Fichot.

La qualification de non-assistance à personnes en danger peut être retenue dans la mesure où, « à aucun moment, il n’y a eu contact radio (entre le cargo, NDLR) avec le navire heurté ou les autorités maritimes ».

Quant aux causes de la collision, le procureur n’écarte aucune piste. L’analyse de photos tridimensionnelles de la brèche sur la coque du cargo, dont les résultats seront connus « dans les prochains jours », détermineront l’angle d’abordage et les responsabilités « des uns ou des autres ».

Les marins rescapés du « Sokalique » ont toujours affirmé être en action de pêche le jour du naufrage, feux allumés et positionnés au-dessus des filières sur lesquelles étaient suspendues leurs casiers.

Pour l’heure, tant que les Iles Kiribati n’auront pas abandonné leur souveraineté pour juger les responsables du naufrage, l’enquête judiciaire ne pourra aboutir en France. Ce petit pays du Pacifique qui a dépêché en Bretagne ses propres experts -ils ont eu accès au dossier pénal, a précisé M. Fichot- devrait se déterminer dans les prochains jours. Pour l’heure, l’« Ocean Jasper » et son équipage restent consignés à Brest.

D’après le procureur, la décision des Kiribati est attendue dans les prochains jours. Le 30 août dernier, la veuve de Bernard Jobard avait assuré, après avoir été reçue par Nicolas Sarkozy, qu’un procès des responsables était « en bonne voie ». M. Sarkozy et son homologue kiribatien Anote Tong avaient convenu fin août « de trouver le plus rapidement possible la solution appropriée » pour que le procès des responsables du naufrage ait lieu en France, selon l’Elysée.

© AP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Associated Press.

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