Guerre au Yémen : l’Arabie saoudite et les Emirats visés par une plainte pour financement du terrorisme

Vendredi 3 décembre 2021

Guerre au Yémen : l’Arabie saoudite et les Emirats visés par une plainte pour financement du terrorisme

3 déc. 2021

Des victimes de la guerre au Yémen ont déposé plainte vendredi en France, notamment pour financement du terrorisme, contre les princes héritiers d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, dont ils accusent les pays d’avoir noué une « alliance » avec Al-Qaïda, selon leur avocat.

Des victimes de la guerre au Yémen ont déposé plainte vendredi en France, notamment pour financement du terrorisme, contre les princes héritiers d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, dont ils accusent les pays d’avoir noué une « alliance » avec Al-Qaïda, selon leur avocat.

« Nos meilleurs alliés, et clients d’armes dans la zone, sont alliés à nos pires ennemis qui ont commandité les attentats de Charlie Hebdo » à Paris en janvier 2015, affirme Me Joseph Breham, qui a déposé avec sa collaboratrice Julie Baleynaud une plainte avec constitution de partie civile à Paris.

Cette plainte a notamment été déposée au nom de l’ONG yéménite « Legal center for rights and development », considérée comme proche des rebelles Houthis et basée à Sanaa.

Les autorités saoudiennes n’ont pas donné suite aux sollicitations de l’AFP à ce stade. Egalement contacté, le pouvoir émirati n’avait pas de commentaire à faire dans l’immédiat.

L’Arabie saoudite, alliée des Etats-Unis, intervient au Yémen depuis 2015 à la tête d’une coalition militaire en soutien au gouvernement face aux rebelles Houthis, appuyés politiquement par l’Iran, ennemi de Washington et rival régional de Ryad.

Les Emirats arabes unis ont retiré leurs troupes du Yémen en 2019 mais restent membres de la coalition.

Créé en 2009, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) est considéré par les Etats-Unis comme la branche la plus dangereuse du réseau jihadiste. Elle a profité du chaos entraîné par la guerre et mené des attaques tant contre les Houthis que contre les forces gouvernementales.

« De nombreux observateurs ont souligné l’alliance de facto de la coalition avec Aqpa contre les forces d’Ansar Allah (les Houthis), notamment par le biais de soutiens financier et matériel ainsi que d’une coopération opérationnelle », peut-on lire dans la plainte.

Selon les plaignants, la coalition aurait notamment versé, via la First Abu Dhabi Bank, de l’argent à l’organisation terroriste « en échange de son retrait des villes qu’elle contrôlait », et aurait soutenu Abu Al Abbas, membre d’Aqpa « répertorié comme terroriste par le département du Trésor américain depuis 2017 ».

Au nom de huit victimes de torture ou de bombardements de la coalition, Me Breham accuse également le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, le prince héritier d’Abou Dhabi Mohammed ben Zayed Al-Nahyane et les chefs d’état-major des deux armées de « crimes de torture », « disparitions forcées », « crimes de guerre » et « association de malfaiteurs terroriste ».

Avec Julie Baleynaud, il s’appuie sur des documents du renseignement d’Ansar Allah (les Houthis), des témoignages, des rapports des Nations-unies et des articles de presse.

Pour Me Breham, la justice française est fondée à poursuivre les chefs saoudiens et émiratis. Essentiellement parce que le Français Peter Cherif, proche des assassins des journalistes de Charlie Hebdo et « membre actif, sinon éminent » d’Aqpa au Yémen entre 2011 et 2018, a « très certainement participé à l’association de malfaiteurs terroriste ».

Les plaintes avec constitution de partie civile permettent la désignation quasi-automatique d’un juge d’instruction pour mener des investigations. La procédure pourrait néanmoins se heurter à l’immunité des chefs politiques visés par la plainte.

En sept ans, le Yémen a plongé dans l’un des pires drames humanitaires au monde selon l’ONU, avec plus des deux tiers de la population dépendant de l’aide internationale. Des dizaines de milliers de personnes, la plupart des civils, ont été tuées et des millions déplacées, selon des organisations internationales.

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