Philippines : l’ex-président Estrada condamné à la perpétuité pour corruption

Mercredi 12 septembre 2007

12/09/2007 08:35

MANILLE (AFP) - Philippines : l’ex-président Estrada condamné à la perpétuité pour corruption

Après des années d’atermoiements, la justice philippine a finalement statué mercredi sur le sort de l’ex-président Joseph Estrada condamné à la prison à perpétuité pour corruption.

L’ancienne vedette de cinéma âgée 70 ans sera assignée à résidence jusqu’à nouvel ordre, a ordonné le tribunal anticorruption de la capitale qui a également exigé la restitution à l’Etat de quelque 87 millions de dollars d’avoirs gelés dans des banques.

A l’énoncé du verdict, l’accusé s’est effondré sur sa chaise avant de dénoncer une « farce » et de crier au complot. « Ce tribunal spécial a été conçu pour me condamner (…). Comme nous nous y attendions, c’est ce qu’il a fait », a-t-il dit. Son avocat a annoncé qu’il ferait appel de la décision. « Il va se battre. Il sera acquitté devant la Cour suprême », a déclaré à des journalistes Me Rufus Rodriguez.

Des centaines de supporteurs de M. Estrada, surnommé « Erap » par ses admirateurs, s’étaient massés à l’extérieur du tribunal agitant calicots et drapeaux en signe de soutien. Parmi eux, Loreta Barrias dit avoir fait le chemin depuis la ville de Bacolod (centre) pour afficher sa solidarité. « Ce (verdict) ne reflète pas la volonté des pauvres. Estrada est mon président. C’est le président du peuple, libérez-le », lance cette vendeuse de rue âgée de 55 ans.

Manille était placée depuis mardi sous haute sécurité. Quelque 6.000 policiers et des forces de sécurité ont été mobilisées par crainte de débordements des partisans de M. Estrada, toujours adulé parmi la frange la plus défavorisée de la population.

De son côté, la présidence, par la voix de son porte-parole Ignacio Bunye, a fait savoir qu’elle respectait la décision des juges. « Nous nous soumettons à la décision du Sandiganbayan (tribunal anticorruption). Nous espérons et prions pour que triomphe la loi », a-t-il dit. « Entretemps, nous avons un pays à gérer, une économie à développer (…). Nous souhaitons que ce triste épisode de notre histoire ne nous détourne pas durablement de ces objectifs », a-t-il ajouté.

Joseph Estrada, qui a toujours clamé son innocence, était accusé d’avoir amassé plusieurs dizaines de millions de dollars pendant les trente mois de son règne, jusqu’en 2001. L’ancienne star de cinéma avait été renversée par une révolte populaire soutenue par l’armée en 2001, après l’échec d’une procédure de destitution pour corruption. Il avait alors été remplacé par la vice-présidente et actuel chef d’Etat Gloria Arroyo. Depuis plusieurs mois, la présidente luttait contre un important mouvement d’opposition auquel n’était pas étranger M. Estrada, selon les observateurs.

Les poursuites judiciaires à son encontre, qui traînaient depuis plus de cinq ans, n’avaient pas empêché l’ancien dirigeant de continuer à être très influent. M. Estrada n’a ainsi jamais manqué une occasion de se poser en arbitre politique avec les accents populistes qu’il affectionne. « Ma liberté personnelle n’a plus d’importance », déclarait il dans un message diffusé lundi par une radio de Manille. « Quel que soit le verdict, je suis prêt car j’ai déjà été acquitté par le peuple », avait-il dit.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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