Ocean Jasper, mystérieuse cavale

Mercredi 19 septembre 2007

Mercredi 19 Septembre 2007

illustration : L’Ocean Jasper est toujours immobilisé à Brest, mais ses marins ont disparu. (Reuters)

Ocean Jasper, mystérieuse cavale

Par Gaël MARTIN

leJDD.fr

L’ambassade d’Azerbaïdjan a démenti toute implication dans la disparition des trois marins azéris de l’Ocean Jasper, soupçonnés d’avoir provoqué le naufrage tragique du Sokalique et pris la fuite sans aider le naufragé. Les trois hommes ne sont plus en France, où ils ne pouvaient être retenus. La justice française, attend l’accord du pays du pavillon, les îles Kiribati, pour les poursuivre.

Les trois marins de l’Ocean Jasper, le vraquier soupçonné d’avoir causé le 17 août le naufrage du Sokalique, qui a coûté la vie au capitaine Bernard Jobard, mort noyé, ne sont plus en France. C’est, ce mercredi, la seule certitude. L’ambassade d’Azerbaïdjan l’a confirmé à l’agence Reuters. Mais le diplomate interrogé a, en revanche, démenti que les trois fuyards, qui risquent des poursuites pour délit de fuite et pour ne pas avoir porté secours aux naufragés, aient été exfiltré par le consulat de leur pays d’origine, comme l’affirmait le Figaro, citant une source judiciaire. Et ajoute que rien ne prouve leur présence dans leur pays d’origine.

Depuis que leur disparition a été annoncée, vendredi, les trois hommes restent introuvables. Retenus à bord de leur navire, Ocean Jasper, qui appartient à un armateur turc mais navigue sous pavillon des îles Kiribati, ils l’ont quitté le 12 septembre, il y a tout juste une semaine. Dès le lendemain, le Télégramme de Brest relayait la rumeur selon laquelle le consulat avait exfiltré le capitaine et ses deux membres d’équipage. Une information démentie, donc, par un conseiller de l’ambassade azérie, Elman Aguaev, lequel met en cause la société qui arme le navire : "(Ils) ont quitté la France sous la responsabilité des autorités douanières françaises et de la compagnie turque pour laquelle ils travaillaient. Nous pouvons supposer que c’est la compagnie turque qui a payé les billets", a-t-il dit.

Imbroglio juridique

Elman Aguaev a également rappelé que les trois hommes ne faisaient l’objet d’aucune poursuite dans l’immédiat. La procédure visant à déterminer les responsabilités et, le cas échéant, à juger les fautifs, est en effet compliquée. L’accident s’est produit dans les eaux internationales, en vertu de quoi l’équipage doit être jugé par l’Etat du pavillon du navire, donc les îles Kiribati. Mais le président français a promis que le procès aurait lieu en France. Il a obtenu des autorités de Kiribati que le bateau soit immobilisé, mais la compétence en matière de procès n’a pas encore été accordée.

Dans l’attente d’une décision, la veuve de Bernard Jobard, qui avait déjà dit sa colère au JDD (lire par ailleurs), se dit persuadée que les trois hommes - le capitaine qui était à la barre et les deux marins qui se trouvaient sur le pont au moment de l’accident - ont bénéficié « d’une complicité extérieure » et on gagné l’Azerbaïdjan. « La lâcheté du commandant est prouvée et il devra en rendre compte un jour », ajoute-t-elle, espérant avant tout que soit retrouvé l’homme qui aurait refusé la priorité à son époux, le 17 août dernier, au large d’Ouessant.

2007 © Le Journal du Dimanche

Publié avec l’aimable autorisation du Journal Du Dimanche.

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