L’Irak veut mettre fin à l’immunité des sociétés de sécurité

Vendredi 21 septembre 2007 — Dernier ajout samedi 22 septembre 2007

L’Irak veut mettre fin à l’immunité des sociétés de sécurité

REUTERS | 21.09.2007 | 15:50

Par Moussab Al-Khairalla et Paul Tait

BAGDAD (Reuters) - L’Irak prépare un projet de loi qui renforcera ses pouvoirs face aux nombreuses sociétés de sécurité privées agissant dans le pays, a déclaré le ministère de l’Intérieur.

Cette décision fait suite à la fusillade impliquant des agents de la société américaine Blackwater qui a fait onze morts dimanche dernier dans les rues de Bagdad.

Le général Abdoul-Karim Khalaf, porte-parole du ministère de l’Intérieur, a déclaré que ce projet de loi prévoirait de « sévères sanctions contre ceux qui n’adhèrent pas (…) à ces grands principes ».

La législation, qui devrait être rapidement adoptée selon lui, donnera au ministère le pouvoir de poursuivre ces firmes en justice et de refuser ou de révoquer leurs contrats.

La fusillade a enflammé l’opinion publique irakienne qui considère que les milliers d’agents de sécurité privés présents dans le pays opèrent comme des milices, en toute impunité.

Nombre de sociétés de sécurité n’ont pas de licence en bonne et due forme. Une loi adoptée par les administrateurs américains du pays après l’invasion de mars 2003 leur garantit l’immunité et n’a jamais été formellement supprimée.

Selon le New York Times, le ministère de l’Intérieur irakien propose aussi que ces entreprises étrangères de sécurité soient remplacées par des sociétés irakiennes.

Cette hypothèse n’est pas nouvelle, souligne le directeur d’une fédération de sociétés de sécurité étrangères en Irak, la Private Security Company Association of Iraq, mais il doute qu’elle se concrétise du jour au lendemain.

« Une alternative serait de créer des partenariats avec des sociétés irakiennes, pour afficher un visage irakien sur ce que nous faisons », déclare Lawrence Peter.

D’après lui, 30.000 personnes environ travaillent dans le secteur de la sécurité privée en Irak, dont la moitié sont des Irakiens.

« MISSIONS ESSENTIELLES »

Concernant Blackwater, qui emploie un millier d’agents en Irak et protège le personnel diplomatique américain, le Premier ministre irakien Nouri al Maliki a invité l’ambassade des Etats-Unis à se séparer de la société. Il a déclaré qu’il ne tolèrerait pas que des Irakiens soient tués « de sang-froid ».

Après la fusillade, l’ambassade des Etats-Unis a gelé pendant trois jours tout déplacement de ses diplomates hors de la zone verte hautement protégée qui abrite son personnel.

Elle a commencé vendredi à autoriser des « missions essentielles », certaines escortées par Blackwater, avec l’assentiment des autorités irakiennes, selon sa porte-parole Mirembe Nantongo.

« Il n’y a pas beaucoup de déplacements en général (…) mais il est probable que Blackwater en escortera quelques-uns », a-t-elle déclaré.

Les autorités irakiennes et américaines ont ouvert une enquête conjointe sur la fusillade du week-end dernier.

© REUTERS

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence Reuters.

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