Comité de soutien pour Renaud Van Ruymbeke

Vendredi 9 juin 2006 — Dernier ajout samedi 12 mai 2007

Journal l’Humanité

Rubrique Société

Article paru dans l’édition du 9 juin 2006.

Société

Comité de soutien pour Renaud Van Ruymbeke

Justice. Près de 400 magistrats et avocats dénoncent l’injustice qui touche le juge d’instruction et réclament l’arrêt de l’enquête administrative qui le vise.

Du jamais-vu dans les couloirs du Palais de Justice de Paris. Hier, des hauts magistrats et des avocats pénalistes de renom ont tenu une conférence de presse pour soutenir Renaud Van Ruymbeke, mis en cause en marge de l’affaire Clearstream, et dénoncer l’« injustice » subie par le juge d’instruction. Ce dernier se voit reprocher d’avoir rencontré hors de tout cadre procédural, en 2004, l’ex-dirigeant d’EADS, Jean-Louis Gergorin, et intégré ses informations (des listings de comptes bancaires qui se sont révélés falsifiés) dans son dossier sous forme de courriers prétendument anonymes.

« Est-ce qu’il a refait sa salle de bains avec l’argent du pôle financier ? Non. Est-ce qu’il a bénéficié d’un emploi fictif ? Non. J’ai personnellement mesuré le linéaire de ses dossiers. Il y a 110 mètres hérissés d’obstacles », a dénoncé dans un humour à froid le juge d’instruction antiterroriste Gilbert Thiel. Avant de se retourner vers Renaud Van Ruymbeke, présent à la réunion, et d’ironiser en faisant une allusion à un mot de Jacques Chirac sur Alain Juppé : « Je ne te dirai pas : « le meilleur d’entre nous », parce que cette formule porte malheur. (…) Mais tu n’auras pas besoin d’aller à Montréal… »

Les avocats, représentés notamment par Mes Olivier Metzner et Emmanuelle Kneusé, ont demandé que « les poursuites disciplinaires engagées un peu rapidement prennent fin au plus vite ». « On essaye de cacher une affaire politique en reportant la faute sur un juge », a dit Me Olivier Metzner, spécialisé dans les affaires financières. Suite aux révélations des rencontres secrètes entre Gergorin et le juge, le ministre de la Justice, Pascal Clément, a lancé une enquête administrative contre Renaud Van Ruymbeke et suspendu l’examen de sa demande de promotion à la cour d’appel de Paris.

Environ 330 magistrats et 70 avocats ont signé une pétition en sa faveur. Cette démarche ne fait cependant pas l’unanimité puisque l’Union syndicale de la magistrature (USM, majoritaire) a estimé que le magistrat était « sorti des clous ». Autre personne à avoir dénoncé les méthodes du juge d’instruction dans un courrier à sa hiérarchie, son ex-collègue, Dominique de Talancé, qui a été dessaisie, hier, du dossier des frégates de Taïwan, à la demande de Van Ryumbeke, et sur lequel lui continue d’œuvrer.

Sophie Bouniot

Publié avec l’aimable autorisation du journal l’Humanité.

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