Les activités de Total en Birmanie suscitent à nouveau la polémique

Jeudi 27 septembre 2007

27/09/2007 15:22

PARIS (AFP) - Les activités de Total en Birmanie suscitent à nouveau la polémique

L’appel du président français Nicolas Sarkozy au gel des investissements en Birmanie a relancé jeudi une polémique sur les activités de Total dans ce pays, où ONG et syndicats l’accusent de recourir au travail forcé et militent pour son départ.

"La France appelle l’ensemble de ses sociétés privées, Total par exemple, à faire preuve de la plus grande retenue, s’agissant des investissements en Birmanie, en demandant qu’il n’y en ait pas de nouveaux« , a déclaré M. Sarkozy, après avoir reçu le »Premier ministre" de l’opposition birmane en exil, le Dr Sein Win. La junte birmane au pouvoir a commencé mercredi à réprimer un mouvement de protestation mené par des bonzes.

Total est présent en Birmanie depuis 1992, sur le champ gazier de Yadana (sud), où il emploie 270 personnes et où il a produit en 2006 17,4 millions de mètres cube de gaz par jour, qui alimentent des centrales électriques en Thaïlande.

Mais "Total n’investit plus en Birmanie depuis environ dix ans« et »n’a pas prévu d’autres investissements depuis", a affirmé jeudi une porte-parole du groupe à l’AFP.

Organisations non gouvernementales et syndicats militent de leur côté pour un départ pur et simple du groupe pétrolier de Birmanie, où ils l’accusent de recourir au travail forcé.

Interrogée par l’AFP, l’ONG Info-Birmanie a toutefois estimé jeudi que l’appel de M. Sarkozy « allait dans le bon sens ».

Total a fait ces dernières années l’objet de plaintes de travailleurs birmans, notamment en France et en Belgique. En France, le groupe pétrolier a été accusé de travail forcé. La justice a reconnu en juin 2006 ce type de pratique mais a conclu à un non-lieu pour des raisons de procédure.

Interrogé sur la radio RMC jeudi matin, le Dr Sein Win a accusé Total de bénéficier d’une main d’œuvre forcée fournie par la junte militaire pour protéger le gazoduc de Yadana.

"Bien sûr Total peut toujours dire qu’il n’utilise pas de main d’œuvre forcée. Mais l’armée le fait puisqu’elle protège l’entreprise Total« , a dit le Dr Sein Win. »Lorsque vous avez un pipeline ou un gazoduc qui doit être protégé, qu’il faut mettre en place une infrastructure, c’est l’armée qui va venir sur place pour des raisons de sécurité", a-t-il ajouté.

Cet opposant était interrogé sur les conclusions en 2003 de l’actuel ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, alors dans l’opposition, qui avait justifié la décision de Total d’opérer en Birmanie dans un rapport rédigé en tant que consultant privé.

« L’époque n’est plus au boycott ou à l’embargo, à l’efficacité limitée, dont ne souffrent que les plus pauvres », écrivait M. Kouchner dans ce rapport. Mercredi, il s’est à nouveau prononcé contre un retrait de Total.

La secrétaire d’Etat française aux droits de l’Homme, Rama Yade a souhaité jeudi rencontrer la direction de Total tout en jugeant qu’un retrait du pétrolier ne changerait pas la situation, tandis qu’un conseiller de M. Sarkozy, Henri Guaino, a qualifié cette hypothèse de « décision extrême », dont « les premières victimes seront les Birmans eux-mêmes ».

Pour sa part, Total rappelle régulièrement qu’il a lancé depuis 1995, sur le parcours terrestre du gazoduc, un programme socio-économique en faveur des populations des villages riverains. Un « retrait forcé n’aurait pour effet que notre remplacement par d’autres opérateurs probablement moins respectueux de l’éthique », affirme le groupe.

Info-Birmanie ne souhaite pas « se focaliser » sur Total. "On milite pour que la junte birmane soit sanctionnée par la communauté internationale", souligne une porte-parole.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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