Albert Frère, l’homme qui valait 5 milliards, gagnés de la sidérurgie belge à la guerre en Syrie

Lundi 31 décembre 2018

Grandes fortunes

Albert Frère, l’homme qui valait 5 milliards, gagnés de la sidérurgie belge à la guerre en Syrie

par Olivier Petitjean 12 décembre 2018

Albert Frère, l’homme le plus riche de Belgique, est décédé le 3 décembre. Il avait 92 ans. Après avoir engrangé de larges profits sur fond de déclin de la sidérurgie wallonne au tournant des années 1970 et 1980, il s’est taillé un rôle international en nouant des liens étroits avec les entreprises du CAC40 et en revendant les fleurons belges à des multinationales françaises. Avec de nombreux scandales au passage. Portrait d’un milliardaire et de sa principale société, le Groupe Bruxelles Lambert.

Albert Frère, l’homme le plus riche de Belgique, est décédé le 3 décembre à l’âge de 92 ans. Celui qui a été l’un des principaux actionnaires de Total, Engie, Lafarge ou encore Pernod Ricard était aussi étroitement lié au gratin des grandes entreprises et des dirigeants politiques français comme Nicolas Sarkozy. Les profits d’Albert Frère ont été engrangés depuis la crise de la sidérurgie wallonne dans les années 1970 et 1980 jusqu’aux compromissions de Lafarge avec Daech en Syrie, en passant par la revente des fleurons industriels belges aux multinationales françaises. Bref, la carrière du milliardaire belge est un condensé de l’histoire économique récente. Celle d’entreprises de plus en plus assujetties à la voracité illimitée des actionnaires, d’États sans politique industrielle, d’hommes d’affaires sans scrupules, d’un monde où les droits humains et l’environnement ne pèsent pas lourd face aux impératifs du business.

[….] Une holding forte de 19 milliards de capital cachée derrière les géants du CAC40

Le Groupe Bruxelles Lambert ? Bien qu’elle brasse un portefeuille financier évalué à 19 milliards d’euros, la société reste inconnue du grand public. Pourtant, lorsque l’on parle de suppressions d’emploi, de distribution généreuse de dividendes, de crimes environnementaux ou de scandales de corruption à l’autre bout du monde, à propos de multinationales comme Total, Lafarge, Pernod Ricard ou Adidas, c’est aussi un peu de GBL dont il est question. Car GBL est l’une de ces holdings à travers lesquelles grandes familles et fortunes plus récentes contrôlent une bonne partie du capital des multinationales, influençant leur stratégie et leurs décisions.

Ce contrôle, et l’enrichissement qui l’accompagne, s’exerce souvent, comme dans le cas de GBL, à travers un empilement de sociétés localisées en Belgique, en Suisse, au Luxembourg et aux Pays-Bas. Ce qui présente un double avantage : réduire leur ardoise fiscale d’une part, mais aussi permettre de démultiplier la capacité d’investissement en ouvrant le capital de chacune de ces sociétés à des actionnaires minoritaires, tout en en gardant le contrôle effectif. C’est ainsi qu’en plaçant une partie de son patrimoine dans GBL, Albert Frère et sa famille se sont retrouvés à contrôler avec les Desmarais un portefeuille d’actifs de 19 milliards d’euros. Lire la suite.

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