Alexandre Benalla et les intermédiaires de la « Françafrique »

Jeudi 31 janvier 2019

Société Affaire Benalla

Alexandre Benalla et les intermédiaires de la « Françafrique »

L’Elysée dit avoir rompu avec ces hommes, mais des conseillers du président les fréquentent toujours.

Par Ariane Chemin, Simon Piel, François Krug et Joan Tilouine Publié aujourd’hui à 11h35, mis à jour à 14h51

Le 18 juillet 2018 au soir, des équipes de télévision prennent position devant un immeuble d’Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine. Quelques heures plus tôt, Le Monde a raconté qu’Alexandre Benalla a molesté des manifestants le 1er-Mai à Paris, un casque de policier sur la tête, et les journalistes le traquent. Pour leur échapper, sa compagne quitte Issy-les-Moulineaux et s’enfuit au calme avec leur bébé. Elle est « certainement partie à l’étranger », explique durant sa garde à vue M. Benalla, alors encore adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron. Les enquêteurs découvrent que le portable de la jeune femme a en réalité activé pendant plusieurs jours une borne téléphonique de l’avenue Foch, dans le 16e arrondissement. Quand ils l’interrogeront plus tard, elle expliquera avoir été hébergée « chez un ami », dont elle refusera de donner le nom.

Cet « ami » est en réalité une amie, Pascale Jeannin-Perez. Cette discrète femme d’affaires de 56 ans, domiciliée en Suisse, voyage beaucoup : c’est une intermédiaire appréciée par les sociétés qui démarchent l’Afrique ou le Golfe. Son carnet d’adresses court de l’industrie à la finance et au sport. Un de ses proches, l’ancien footballeur George Weah, est devenu il y a un an président du Liberia ; à Genève, elle a ouvert pour la Chine un bureau gérant le volet européen du pharaonique projet des nouvelles « routes de la soie ». Elle possède aussi de solides amitiés politiques : elle a accompagné le président Sarkozy lors de voyages officiels et est la trésorière de l’association Dialogue franco-russe, présidée par un autre ami, l’ancien ministre Thierry Mariani. Mais c’est également une proche d’Alexandre Djouhri, soupçonné par la justice française d’être au cœur d’un financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, qui règne depuis vingt ans sur l’intermédiation au Moyen-Orient et en Afrique.

Coffre-fort alimentant tous les fantasmes

Lorsque l’affaire Benalla éclate, Pascale Jeannin-Perez, depuis le Luberon où elle se trouve en vacances, est l’une des premières à venir en aide au chargé de mission présidentiel. Au Monde, elle explique avoir prêté son appartement à la compagne de M. Benalla sans chercher à savoir où se trouvait celui-ci. Elle nie avoir joué un rôle quelconque dans l’une des énigmes de cette affaire : un coffre-fort alimentant tous les fantasmes contenant, selon M. Benalla, des armes détenues légalement, qui a disparu d’Issy-les-Moulineaux. Lire la suite.

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