Allemagne : des entreprises accusées de « profiter » du travail forcé de Ouïghours en Chine

Lundi 6 septembre 2021

Allemagne : des entreprises accusées de « profiter » du travail forcé de Ouïghours en Chine

6 sept. 2021 Par Agence France-Presse

  • Mediapart.fr

Une ONG allemande a annoncé lundi le dépôt d’une plainte en Allemagne contre plusieurs entreprises, dont Lidl et Hugo Boss, qu’ils accusent de « profiter » du travail forcé de membres de la minorité musulmane ouïghour en Chine, ce qu’elles nient.

Une ONG allemande a annoncé lundi le dépôt d’une plainte en Allemagne contre plusieurs entreprises, dont Lidl et Hugo Boss, qu’ils accusent de « profiter » du travail forcé de membres de la minorité musulmane ouïghour en Chine, ce qu’elles nient.

Le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits humains (ECCHR), organisation non gouvernementale basée à Berlin, a indiqué avoir « porté plainte contre plusieurs entreprises allemandes » pour « complicité présumée de crimes contre l’humanité ».

Sont visées les chaînes d’habillement Hugo Boss et C&A, et les chaînes de discount Lidl, Aldi Nord et Aldi Sud.

L’association reproche à ces entreprises de « profiter et se rendre complices, directement ou indirectement, du travail forcé de la minorité ouïghour dans le Xinjiang » (ouest).

Pékin est accusé par les pays occidentaux d’enfermer massivement les membres de cette communauté à majorité musulmane et turcophone de l’ouest de la Chine, dans de vastes camps de travail.

De nombreuses usines, notamment textiles, sont situées dans cette région, et fournissent selon les activistes, des entreprises multinationales.

Si l’ONG affirme qu’il est difficile d’obtenir des preuves tangibles de recours au travail forcé chez les fournisseurs de ces entreprises, « la question est de savoir si le fait d’entretenir des relations d’affaires n’est pas une façon d’aider et d’encourager ces crimes », interroge à l’AFP l’avocate Miriam Saage-Maass, directrice à l’ECCHR.

Selon elle, « ces cinq cas ne sont qu’un exemple d’un problème beaucoup plus vaste et plus systématique ».

Dans des communiqués envoyés à l’AFP, C&A a affirmé ne pas « tolérer le travail forcé (…) dans (sa) chaîne d’approvisionnement », tandis que Aldi a assuré avoir « établi des normes contraignantes pour tout (ses) partenaires commerciaux » afin d’éviter ces problèmes.

Hugo Boss a de son côté rappelé avoir « demandé il y a plusieurs mois à (ses) fournisseurs de s’informer et confirmer que la production des biens dans la chaîne d’approvisionnement est effectuée conformément (…) aux droits humains » et donner une « priorité absolue » à la question.

Une plainte similaire a été déposée en France en avril par l’association anti-corruption Sherpa contre quatre multinationales de l’habillement, dont Uniqlo et Zara.

Celle-ci a mené à l’ouverture fin juin d’une enquête par le pôle « Crimes contre l’humanité » du Parquet national antiterroriste (Pnat).

Les États-Unis affirment que Pékin se livre à un génocide contre les Ouïghours et d’autres peuples turcs du Xinjiang, où les experts estiment que plus d’un million de personnes sont incarcérées.

Pékin nie le terme de génocide et décrit les camps comme des centres de formation professionnelle, une affirmation rejetée par les Ouïghours qui disent être forcés de renoncer à leurs traditions religieuses.

fcz/yap/clr

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