Amende maximale de 225.000 euros requise à Paris contre UBS pour le harcèlement de deux lanceurs d’alerte

Mardi 10 décembre 2024

Fustigeant le « déni » de la banque, le parquet a requis mardi l’amende maximale de 225.000 euros contre la filiale française d’UBS, jugée notamment à Paris pour harcèlement moral envers deux lanceurs d’alerte qui avaient dénoncé son système d’évasion fiscale.

Agence France-Presse 10 décembre 2024 à 20h39

Fustigeant le « déni » de la banque, le parquet a requis mardi l’amende maximale de 225.000 euros contre la filiale française d’UBS, jugée notamment à Paris pour harcèlement moral envers deux lanceurs d’alerte qui avaient dénoncé son système d’évasion fiscale.

La défense de la succursale, absorbée par UBS Europe en 2023, a plaidé la relaxe, appelant à « dépassionner le débat ».

Le tribunal correctionnel de Paris a mis sa décision en délibéré au 10 mars 2025.

En parallèle de cette procédure qui a duré plus de 15 ans, la banque UBS AG et sa filiale française ont été définitivement condamnées pour avoir mis en place un système d’évasion fiscale massive vers la Suisse entre 2004 et 2012.

Pour la procureure, la responsable marketing Stéphanie Gibaud et le chef de l’audit interne Nicolas Forissier ont bien subi un harcèlement moral entre 2008 et 2010.

Se disant « surprise » par le « déni incompréhensible » de l’entreprise, elle a souligné que l’amende maximale était « minuscule » par rapport au chiffre d’affaires de la banque : si elle ne « peut pas être dissuasive », le tribunal « ne peut que la prononcer ».

Au début du procès le 3 décembre, le tribunal a signalé que Stéphanie Gibaud s’était désistée de sa constitution de partie civile.

Parlant d’une affaire « sans précédent », Me William Bourdon a affirmé que Nicolas Forissier, son client, avait « payé très cher » sa « fidélité à ses valeurs ». « Il est devenu pendant des années le mouton noir, celui qu’il fallait à tout prix museler (…) Il ne demande qu’une chose, que vous rendiez une décision (…) qui caractérise l’hyper-cynisme d’UBS » et « qui lui restitue son honneur », a-t-il plaidé.

L’avocate de la défense, Me Sophie Scemla, a critiqué pour sa part un « amalgame » entre ce dossier et celui du blanchiment de fraude fiscale. Elle a expliqué les décisions prises par la hiérarchie, soit par le contexte de la crise financière de 2008 - la banque « était au bord de la faillite » et licenciait « un tiers de ses effectifs » -, soit par des « raisons objectives », extérieures au « whistleblowing » (dénonciations) des deux salariés.

alv/cal/lrb/cco

Agence France-Presse

Revenir en haut