Au Gabon, la BNP outil de corruption…

Vendredi 14 janvier 2005 — Dernier ajout jeudi 31 mai 2007

Au Gabon, la BNP outil de corruption…

NOUVELOBS.COM | 14.01.05 | 12:03

Le journal panafricain Le Gri-Gri révèle l’implication de la filiale gabonaise de la banque française dans des malversations financières.

La filiale gabonaise du groupe français BNP Paribas est coupable d’opérations de corruption au Gabon, rapporte le journal panafricain « quinzomadaire satirique » Le Gri-Gri dans son édition de jeudi 13 janvier.

Des malversations opérées dans les finances publiques du pays ont bénéficié de la "complicité active" de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Gabon, BICIG, filiale de la BNP, rapporte Le Gri-Gri, qui publie plusieurs documents prouvant que le groupe BNP Paribas savait ce qui se passait dans sa filiale gabonaise, et a tenté en vain d’intervenir.

Arrangements avec le pouvoir

Deux documents internes datant de 2000 sont ainsi présentés par le journal ainsi qu’une lettre manuscrite du président du groupe, Michel Pébereau, concernant entre autres la correction « du dispositif de maîtrise de crédit politique » et « des lacunes des dispositifs comptables ».

Gri-Gri cite l’exemple d’une entreprise qui, pour régler ses impôts et redevances à l’Etat gabonais, vire la somme demandée sur le compte du Trésor dans une banque locale.

C’est à ce moment, selon le journal, que la BICIG prélève une partie pour la transférer sur les comptes de responsables politiques avant de régler le solde. En retour, le ministère de l’Economie rédige une « fausse facture ». Laquelle apparaîtra seule dans la comptabilité nationale auditée par le Fonds monétaire international.

Dans un rapport « confidentiel » de mars 2002 sur « l’appareil de production de la BICIG », un trésorier relève ainsi « beaucoup trop d’opérations particulières ou exceptionnelles, traitées de manière dérogatoire… »

Fermeture envisagée

Selon Le Gri-Gri, la BNP aurait même envisagé de fermé sa filiale gabonaise après avoir découvert les faits, puis renoncé à la suite d’arrangements avec le pouvoir en place.

L’ambassadeur de France au Gabon à l’époque, Philippe Selz, avait même rencontré Omar Bongo en 2002. Mais finalement, selon Gri-Gri, seuls deux hauts cadres de la BICIG qui ont dénoncé le système ont été écartés, mutés à Abidjan et Paris.

Le Quotidien permanent nouvelobs.com a tenté de joindre vendredi dans la matinée la BNP, et n’avait pas encore eu de réponse à 12h00.

© Le Nouvel Observateur 2003/2004

Publié avec l’aimable autorisation du Nouvel Observateur.

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