Beny Steinmetz, un diamantaire richissime dans la tourmente en Guinée

Mercredi 23 octobre 2013

Beny Steinmetz, un diamantaire richissime dans la tourmente en Guinée

Créé le mercredi 23 octobre 2013 14:02

GENÈVE, 23 octobre 2013 (AFP) - Beny Steinmetz, un discret milliardaire franco-israélien établi à Genève et qui a fait fortune dans le diamant, est dans la tourmente, poursuivi par la Guinée du président Alpha Condé pour l’obtention contestée d’un permis minier en 2006. Le nom de Beny Steinmetz est apparu régulièrement dans la presse ces dernières semaines, depuis la perquisition de son domicile, de ses bureaux et de son avion privé fin août par la police genevoise, saisie d’une demande d’entraide judiciaire de la Guinée. Ce petit pays d’Afrique occidentale, connu pour ses richesses minières, est en train de mener une lutte acharnée contre les sociétés qui ont obtenu des permis d’exploitation minière. Et plus particulièrement contre Beny Steinmetz, 57 ans, accusé de corruption dans l’obtention de permis d’exploitation d’une partie de la mine de Simandou, dans le sud-est du pays. Le dernier épisode de ce bras de fer entre Conakry et le magnat franco-israélien a eu lieu la semaine dernière à Genève, où une enquête a été ouverte début septembre pour « corruption d’agent public étranger », autrement dit pour corruption de fonctionnaires à l’étranger. Le milliardaire a été convoqué par le juge suisse en charge du dossier, mais il a refusé de répondre aux questions, arguant que la Guinée n’est pas un état démocratique.

Une énorme plus-value

Les ennuis de Beny Steinmetz en Guinée ont commencé avec l’arrivée au pouvoir du président Alpha Condé en novembre 2010, après la mort de Lansana Conté en 2008, à la tête du pays depuis 1984. Alpha Condé est le premier président guinéen démocratiquement élu et a pour objectif déclaré de récupérer le contrôle des richesses naturelles du pays. Beny Steinmetz avait obtenu en 2006 une concession d’exploitation pour une partie de la mine de Simandou, et y a investi 170 millions de dollars. Dix-huit mois plus tard, il a vendu 51% de sa filiale guinéenne au groupe brésilien Vale pour 2,5 milliards de dollars, soit 30 fois plus que ce qu’il avait payé. La Guinée, scandalisée par cette énorme plus-value, a alors engagé une procédure judiciaire contre une entité du groupe du milliardaire, appelé BSG.Une autre procédure judiciaire est engagée dans le même dossier aux Etats-Unis, où un homme d’affaires français, Frédéric Cilins a été arrêté par le FBI alors qu’il tentait de récupérer des documents compromettants auprès de Mamadié Touré, veuve de l’ancien président Lansana Conté. Cilins était le patron d’une société appelée Pentler Holdings, créée aux Iles Vierges, et liée à Onyx, une des nombreuses sociétés du groupe de Beny Steinmetz, selon le site Mediapart. Cilins aurait promis 4 millions de dollars à Mamadié Touré, afin qu’elle use de son influence pour obtenir la concession de la mine de Simandou.

Le fabuleux diamant rose

Le nom de Beny Steinmetz est aussi associé à un fabuleux diamant rose, estimé à 60 millions de dollars, et qui sera vendu aux enchères à Genève par Sotheby’s le 13 novembre prochain. Il s’agit du prix le plus élevé jamais avancé au monde pour un bijou ou un diamant vendu aux enchères. C’est une société de la galaxie Steinmetz qui a trouvé ce diamant en Afrique, et l’a fait tailler. Le diamant a ensuite été vendu par une procédure de gré à gré en 2004, à un acquéreur resté anonyme. Il sera proposé pour la première fois à des enchères publiques. Beny Steinmetz est aussi lié à la maison Sotheby’s. Les deux partenaires détiennent à parts égales la société Sotheby’s Diamonds SA, établie à Genève. L’ONG suisse La Déclaration de Berne, spécialisée dans la lutte anti-corruption, a publié mardi un organigramme reconstitué des activités de Beny Steinmetz. Selon cette ONG, la fortune de ce milliardaire, considéré comme l’homme le plus riche d’Israël, représente entre 3 et 6 fois le budget de la Guinée. La Déclaration de Berne ajoute encore que le cas de la BSG est un « cas d’école », car il illustre « les ravages de l’opacité lorsque des groupes sans scrupule s’en servent pour réaliser des profits gigantesques sur le dos des pays les plus pauvres ».

AFP

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