Breton : après Rhodia, Canal +

Mardi 8 mai 2007

Breton : après Rhodia, Canal +

Perquisitions autour de la vente d’une filiale de la chaîne à Thomson, alors dirigé par le ministre.

Par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS

mercredi 29 juin 2005 (Liberation - 06 :00)

De retour hier des Etats-Unis, Thierry Breton a reçu un comité d’accueil salé. La gauche s’est évidemment emparée de la perquisition à Bercy du juge Henri Pons, dans le cadre de son enquête sur le groupe chimique Rhodia (Libération d’hier). Le député PS, Arnaud Montebourg, a dénoncé une « situation de conflit d’intérêts », tandis que Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS, évoquait « un ministre fragilisé ».

Plus grave, hier, un nouveau front s’est ouvert du côté de Canal + et de Thomson avec les mêmes protagonistes : le ministre Breton, le juge Pons, et feu le financier Edouard Stern, tué depuis de quatre balles. En cause : la vente en 2002 de la filiale Canal + Technologies à Thomson Multimedia, présidé à l’époque par Breton. Actionnaire de Vivendi Universal (maison mère de Canal), Edouard Stern avait déposé plainte, accusant l’entreprise d’avoir bradé sa filiale. Hier, une double perquisition s’est déroulée aux sièges de Canal+ et de Thomson.

Canal + Technologies, c’était, en septembre 2002, la toute première vente effectuée par Jean-René Fourtou, nouveau patron de VU, pour redresser un groupe criblé de dettes. La société, considérée par certains salariés comme un « bijou de famille », regroupe entre autres tout ce qui est lié aux décodeurs de Canal +, ceux de CanalSatellite et des filiales étrangères. La société est cependant en difficulté à cause de la guérilla menée contre Murdoch, soupçonné d’alimenter le marché en cartes pirates, et aussi à cause de TPS, qui a construit son propre décodeur.

Fourtou revend donc le bébé à Thierry Breton, alors PDG de Thomson Multimedia, pour 190 millions d’euros. Or, un an avant la vente, la boîte aurait été valorisée autour du milliard d’euros ! On affirmait hier à Canal + et à VU que cette valorisation s’était dans l’intervalle « effondrée ». A peine un an plus tard, Thomson scinde Canal + Technologies en deux, vend la partie décodeurs à Murdoch pour 60 millions d’euros et la partie logiciels de cryptage au suisse Kudelski pour… 240 millions d’euros ! Soit une culbute de 110 millions d’euros. Qui, pour Canal + et VU, s’explique par le fait qu’« entre-temps, Thomson Multimedia a enrichi Canal + Technologies de plusieurs brevets et contrats ».

© libération

Publié avec l’aimable autorisation du journal Libération.

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