Crise des « subprimes » : que sont-ils devenus ?

Jeudi 10 août 2017

Crise des « subprimes » : que sont-ils devenus ?

Le 9 août 2007, BNP Paribas allumait l’étincelle en gelant trois fonds d’investissement. Dix ans plus tard, retour sur les protagonistes français.

De notre correspondant à Londres, Marc Roche Modifié le 10/08/2017 à 09:06 - Publié le 10/08/2017 à 08:41 | Le Point.fr

La crise financière à l’origine du crash n’a pas commencé, comme tout le monde le croit, le 15 septembre 2008 avec la chute de Lehman Brothers, mais un an plus tôt. C’est en fermant trois de ses fonds Sicav que BNP Paribas a mis, sans le savoir, le feu à la planète finance le 9 août 2007. Les investisseurs n’étaient pas au courant que ces Sicav « dynamiques », assurant un meilleur rendement, étaient adossées aux fameux crédits hypothécaires à risque américains, les subprimes.

Les hommes politiques

Nicolas Sarkozy, président de la République entre 2007 et 2012, prend conscience très tôt de l’acuité de la crise financière. Dans l’affaire des subprimes, le locataire de l’Élysée est un visionnaire de la coopération internationale alors que ses partenaires européens sont dans le déni. Dans cette tâche, il est aidé par un groupe de conseillers soudés, solidaires, dépourvus de rivalités et d’ego.

Secrétaire général adjoint de l’Élysée en charge des dossiers économiques au moment des faits, François Pérol est l’architecte du rapprochement en février 2009 de la Caisse d’épargne et de la Banque populaire qui donne naissance à la BPCE. Il quitte l’Élysée pour prendre la présidence du directoire de la deuxième banque française qui possède aussi la banque d’affaires Natixis.

Le directeur du Trésor, Xavier Musca, devient secrétaire général de l’Élysée en 2011 après avoir remplacé François Pérol en 2009. Il est directeur général délégué et numéro deux du Crédit agricole.

Antoine Gosset-Granville, directeur de cabinet adjoint de François Fillon, devient en 2010 le numéro deux de la Caisse des dépôts et consignations jusqu’en 2012. Il fonde ensuite avec trois associés un cabinet juridique spécialisé en fusions-acquisitions. L’ancien haut fonctionnaire a été un soutien de la première heure de François Fillon lors de la présidentielle.

À cette garde prétorienne s’ajoute Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France entre 2003 et 2015. Il est aujourd’hui membre du Haut Conseil des finances publiques.

Ministre de l’Économie et des Finances, Christine Lagarde est aux abonnés absents pendant la crise estivale. L’Élysée traite le dossier et occupe le devant de la scène médiatique. Il faut attendre la faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008, pour qu’elle imprime sa marque sur la fonction. Elle succède en 2011 à Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fonds monétaire international (FMI) avant d’être reconduite à l’unanimité en 2016.

À la Banque centrale européenne, une personnalité sort incontestablement du lot, Jean-Claude Trichet, qui sauve le système bancaire européen en injectant 95 milliards d’euros. Président de l’institution de Francfort jusqu’en 2011, il cumule par la suite la présidence de centres d’études, les strapontins d’administrateur et les conférences.

Lucas Papademos, vice-président de la Banque centrale européenne entre 2002 et 2010, est Premier ministre de la Grèce, à la tête d’un gouvernement d’union nationale entre novembre 2011 et mai 2012. Gouverneur de la Banque de Grèce, il est éclaboussé par le scandale du maquillage des comptes publics grecs avec l’aide de Goldman Sachs.

Chez BNP Paribas

Président de BNP Paribas entre 2003 et 2011, Michel Pébereau est toujours président honorifique et président de la Fondation BNP Paribas qui soutient des projets dans les domaines de la culture, de la santé, du handicap et de la création d’entreprises. Le 9 août, il n’a pas jugé bon de mettre Bercy au courant. Musca, furieux, l’oblige à rouvrir les fonds le plus vite possible par crainte des retombées sur le secteur très développé des Sicav en France.

Le directeur général, Baudouin Prot, vit mal l’épisode qui a porté atteinte à sa réputation de manager jusque-là sans tâche. En effet, au cours de la conférence de presse, le 2 août 2007, de présentation des résultats annuels, il affirme haut et fort que la banque n’a pas de « subprimes » alors que les Sicav en question sont bel et bien adossées aux crédits à risque hypothécaires américains. Marginalisé par Pébereau auquel il succède à la présidence en 2011, il sombre progressivement dans la dépression sous le coup de l’enquête américaine sur les violations de l’embargo, faits qui se sont déroulés alors qu’il était patron de la banque. Après sa démission en septembre 2014, Baudouin Prot rejoint le cabinet international de conseil en management Boston Consulting Group à Paris en tant que senior adviser. Lire la suite.

Pour plus infos sur le dossier François Pérol devant la justice…, merci d’écouter ou réécouter l’intervention de Monsieur Eric Vernier lors du colloque 2015 de la Plateforme Paradis Fiscaux et Judiciaires

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