Des kilos de documents et des milliards d’euros en jeu : à Monaco, un « corbeau » fait trembler l’entourage du prince

Dimanche 20 mars 2022

Des kilos de documents et des milliards d’euros en jeu : à Monaco, un « corbeau » fait trembler l’entourage du prince

Par Gérard Davet (Monaco, envoyé spécial) et Fabrice Lhomme (Monaco, envoyé spécial)

Publié aujourd’hui à 18h10, mis à jour à 20h07

Enquête « Main basse sur le Rocher » (1/2). Depuis quelques mois, un mystérieux site Internet divulgue des documents confidentiels et met en cause des personnalités monégasques. Une affaire révélatrice des luttes d’influence dans ce micro-Etat, sur fond d’enjeux immobiliers énormes.

Il pèse lourd, ce sac à dos, volontairement abandonné sous une table par la source du Monde, début février, dans un bar de l’Est parisien. Quelques kilos de courriels imprimés et de documents divers… Et, surtout, à en croire ces documents, plusieurs milliards d’euros de potentiels détournements de fonds publics opérés au cœur de la principauté de Monaco. La source semble fiable, mais tout cela demande vérifications, évidemment.

Certains courriels confidentiels paraissent authentiques, piratés dans des boîtes e-mails. Il y a aussi des relevés de comptes en banque, répertoriés en Suisse. Les millions d’euros valsent, des noms apparaissent… Quatre, surtout : Didier Linotte, le président – français – du Tribunal suprême monégasque (la Cour constitutionnelle locale) ; Claude Palmero, expert-comptable, mais surtout homme de confiance et administrateur des biens du prince Albert II ; Laurent Anselmi, chef du cabinet du souverain ; Thierry Lacoste – français lui aussi –, avocat et ami d’enfance d’Albert.

Il faut retenir ces noms. Ce sont les hommes du prince, ceux par lesquels tout passe en Principauté. Monaco bruissait déjà de leurs agissements, réels ou supposés, mais ces documents les exposent au grand jour. Les voici accusés de former une sorte de « G4 » à la fois discret et tentaculaire, avec Albert II en arrière-plan, en souverain naïf et dépassé.

Doit-on suivre aveuglément ces « informations » servies sur un plateau ? En toile de fond, une thèse sulfureuse prend forme : ces hommes d’influence prélèveraient leur dîme sur les opérations immobilières opérées en Principauté. On parle ici d’hectares gagnés sur la mer, de tours immenses, d’immeubles que l’on bâtit pour mieux les démolir quelques années après afin de pouvoir les reconstruire, plus hauts, plus clinquants, plus rentables…

Haines patrimoniales

Il suffit de se promener dans les rues embouteillées du micro-Etat pour mesurer à quel point les grues font partie du paysage. Les chantiers pullulent, les Ferrari, Porsche et autres voitures de sport slaloment entre les baraquements. A l’est, deux tours de 27 et 30 étages sortent de terre : c’est le projet Testimonio II. A Lire la suite.

Revenir en haut