Des toiles cachées à GE pour un procès à Paris

Vendredi 2 mars 2018

Des toiles cachées à GE pour un procès à Paris

Fraude fiscale Le procès en appel des héritiers du marchand d’art franco-américain Guy Wildenstein pour fraude fiscale a débuté en France en présence du patriarche âgé de 72 ans.

Des tableaux lui appartenant avaient été déposés en son temps dans les Ports Francs de Genève. Loin des Fragonard, Modigliani ou Caravage cachés, immeubles prestigieux ou ranch en Afrique sur fond de déchirements entre héritiers, la défense du marchand d’art a d’emblée attaqué sur des questions de constitutionnalité pour contester la tenue du procès.

Des requêtes auxquelles les représentants du fisc et de l’accusation se sont immédiatement opposés, comptant bien voir les débats se tenir et obtenir cette fois la sanction de ce que le parquet financier français (PNF) a qualifié de fraude fiscale « la plus longue et la plus sophistiquée » de l’histoire récente en France.

Dans l’étroite salle d’audience de Paris, tous les acteurs étaient présents vendredi : le patriarche Guy, son neveu Alec, sa belle-sœur Liouba Stoupakova, une des femmes de la famille par lesquelles les secrets fiscaux ont été mis au jour sur fond de querelles de succession, ainsi que les conseillers suisses et anglo-saxon.

L’ambiance était détendue, les avocats nombreux. La défense promet des débats « très techniques » pour voir confirmer le jugement de première instance. Après quatre semaines de procès, tout en relevant une « claire intention d’évasion patrimoniale et fiscale », le tribunal avait relaxé en janvier 2017 trois héritiers, leurs conseils et deux sociétés anglo-saxonnes de gestion d’actifs.

Entre holdings et trusts

Le fisc réclame toujours, dans un contentieux distinct, 550 millions d’euros (632 millions de francs) aux Wildenstein, accusés d’avoir dissimulé à l’occasion de deux héritages en 2001 et 2008 des pans entiers de leur fortune. Un montant énorme parfois assorti de blanchiment.

Guy et Alec Wildenstein n’avaient déclaré que 40,9 millions d’euros (47 millions de francs) d’héritage en 2002 et payé - en bas-reliefs sculptés pour la reine Marie-Antoinette - des droits de succession de 17,7 millions d’euros (plus de 20 millions de francs).

La propriété des biens de la richissime famille se perd dans un entrelac de holdings et de trusts, des sociétés-écran enregistrées à Guernesey ou aux Bahamas. Le fruit de « trois générations » de dissimulation selon le tribunal, qui avait toutefois estimé il y a un an qu’il manquait « d’éléments légaux » pour la condamner.

Le procès se tiendra à Paris jusqu’au 23 mars prochain.

(ats/nxp)

Créé : 02.03.2018, 12h48

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