Drogue : onze condamnations à Bobigny dans une affaire de blanchiment

Samedi 1er décembre 2007

30/11/2007 22:00

BOBIGNY (AFP) - Drogue : onze condamnations à Bobigny dans une affaire de blanchiment

Onze condamnations, dont deux par défaut à 10 ans de prison ferme et 750.000 euros d’amende, le maximum encouru, ont été prononcées vendredi par le tribunal correctionnel de Bobigny dans une affaire de blanchiment de millions d’euros tirés de la vente de cocaïne en Europe.

Dans ce dossier ayant nécessité une vaste instruction, six des treize prévenus (huit Espagnols, trois Français, un Allemand et un Colombien) étaient jugés depuis le 19 novembre pour « blanchiment commis en bande organisée ». Les autres se voyaient reprocher des faits de trafic de stupéfiants. Neuf étaient présents.

La 15e chambre présidée par Jean-Marc Heller a relaxé au bénéfice du doute un Français accusé de blanchiment et un Espagnol soupçonné de l’achat de cocaïne.

Pour les autres, les peines - globalement proches des réquisitions - vont de 1 an à 10 ans de prison. Elles sont totalement ou partiellement assorties de sursis pour les plus petites peines et d’interdictions définitives du territoire français pour les plus lourdes (au delà de quatre ans).

Grand absent, souvent cité à l’audience où comparaissaient sa femme, son frère et sa fille, l’Espagnol Marcelino Ramos Aristin, 62 ans, soupçonné d’avoir fait fonctionner la cellule de blanchiment depuis la France entre 2000 et 2003, a été condamné à la pleine maximale prévue par la loi. Même peine pour Julio Arce Rivera Hector, 50 ans, soupçonné d’avoir réceptionné les fonds en Colombie. Tous deux sont recherchés.

Les membres de la famille de M. Ramos Aristin ayant effectué des transactions bancaires ont été condamnés à des peines de 1 à 3 ans de prison, en partie avec sursis, et déjà purgées en détention provisoire.

L’essentiel du procès a été consacré à examiner le détail des multiples opérations de virements et changes, en général par petites sommes pour ne pas attirer l’attention, imputées aux prévenus. Une majorité d’entre eux a reconnu les faits, au moins partiellement.

Evalué à 10 millions d’euros, le blanchiment était l’œuvre d’une « officine particulièrement active » de quelques hommes ayant utilisé « pratiquement tous les moyens connus en matière de blanchiment », avait souligné dans son réquisitoire la procureure Solange Moracchini.

Selon l’enquête italienne, baptisée « Decollo bis » et qui figure dans le dossier français, la cocaïne colombienne arrivait en Italie avant d’être redistribuée dans divers pays européens.

L’argent était ensuite rapatrié en Colombie par des virements bancaires ou directement par des porteurs.

L’affaire avait d’ailleurs démarré grâce à l’interpellation le 16 août 2003 à Roissy d’un homme d’affaires, José Luis Ausin Saez, 55 ans, ex-banquier espagnol, avec 440.000 euros dissimulés en grande partie dans ses chaussures.

Un lien avait été rapidement établi avec l’arrestation de deux autres passeurs à Bogota (Colombie) quelques jours auparavant et la saisie de plus de 600.000 euros en espèces.

En détention provisoire depuis quatre ans, M. Ausin Saez a été condamné à 8 ans de prison et 100.000 euros d’amende. Le tribunal a ordonné son maintien en détention. Pour ses avocats, cet homme « aux gros souliers trop lourds » n’était que « l’ombre de Ramos Aristin ».

Benigno Encisco Herrera, Colombien de 41 ans surnommé l’ingénieur, incarcéré depuis le début du procès, a été condamné à trois ans de prison et reste en prison.

Une peine de 18 mois d’emprisonnement avec sursis et 40.000 euros d’amende a été prononcée contre l’ex-banquier basque Jean Inchauspé, 54 ans, qui plaidait la relaxe.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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