Ehpad : CGT et CFDT accusent Orpea de spéculation immobilière

Jeudi 24 février 2022

Ehpad : CGT et CFDT accusent Orpea de spéculation immobilière

Le groupe Orpea a utilisé les revenus provenant de ses maisons de retraite pour se constituer un vaste patrimoine immobilier en partie géré depuis des paradis fiscaux, et se livre à la « spéculation » pour enrichir ses actionnaires au détriment des soins aux résidents, accusent la CGT et la CFDT dans un rapport publié jeudi.

Agence France-Presse

24 février 2022 à 18h31

Le groupe Orpea a utilisé les revenus provenant de ses maisons de retraite pour se constituer un vaste patrimoine immobilier en partie géré depuis des paradis fiscaux, et se livre à la « spéculation » pour enrichir ses actionnaires au détriment des soins aux résidents, accusent la CGT et la CFDT dans un rapport publié jeudi.

L’entreprise génère des « revenus pour ses actionnaires grâce à la spéculation immobilière sur les terrains et constructions de ses propres maisons de retraite », situées dans plusieurs pays, affirme ce rapport rédigé à la demande des deux syndicats par le Centre pour la recherche et la responsabilité fiscale des entreprises (Cictar), un cabinet d’étude basé en Australie, spécialisé dans l’« information sur les arrangements fiscaux des multinationales ».

Ce travail a été entamé début 2021, mais sa finalisation a été accélérée après la publication fin janvier du livre-enquête « les Fossoyeurs » de Victor Castanet, a expliqué à l’AFP Loïc Le Noc, de la CFDT Santé Sociaux.

Sollicité par le Cictar sur une série de questions précises, Orpea a indiqué qu’elles demandaient « un peu de temps pour être étudiées et traitées avec la rigueur et l’attention nécessaire ».

« Dès que nous aurons des réponses complètes, nous pourrons transmettre les éléments au Cictar et répondre aux questions », a assuré le groupe à l’AFP.

Selon les auteurs du rapport, une « partie significative » des revenus ayant permis cette « ingénierie financière » provient de fonds publics. En tout cas dans certains pays européens où le groupe est présent et où les règles comptables n’imposent pas d’étanchéité entre les dotations publiques versées au titre des soins et le financement par les résidents eux-mêmes de la partie « hébergement » du séjour, a expliqué lors d’une conférence de presse le principal auteur de l’étude, Mike Lewis, un consultant financier britannique.

« Nous n’avons pas trouvé d’utilisation illicite des fonds publics, ni de montage illégal », a souligné M. Lewis, qui se demande toutefois dans son rapport s’il est « normal que des fonds publics servent à financer l’expansion du parc immobilier d’une société privée ».

L’ensemble des actifs immobiliers de l’entreprise, que le Cictar évalue à 7,4 milliards d’euros, « a été acquis puis cédé via des montages complexes impliquant notamment des sociétés situées au Luxembourg et aux îles Vierges britanniques, dont la plupart n’ont jamais été divulguées à ses actionnaires et au public », affirme le rapport.

« Orpea commence à présent à céder ce portefeuille à des investisseurs immobiliers », si bien que « les maisons de retraite, déjà surendettées, voient désormais leurs charges alourdies pour de nombreuses années à venir par des loyers », ce qui limite « à la fois les salaires des travailleurs et le niveau des effectifs », pointent encore les auteurs.

Pour les dirigeants d’Orpea, « on voit bien que seuls comptent le profit et la possibilité de rémunérer les actionnaires avec un rendement supérieur à 10% », a dénoncé Eve Rescanières, de la CFDT Santé Sociaux. « Avec un tel système, on perd de vue qu’on ne parle pas de boîtes de conserve, mais bien de personnes ! », a-t-elle ajouté.

la CGT et la CFDT demandent au gouvernement français de réagir en conditionnant à l’avenir tout financement public à une communication financière plus transparente.

ab/cel/nth

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