En exil, Juan Carlos risque de perdre son immunité
L’ancien roi d’Espagne reste au centre d’une enquête conduite à Genève pour « blanchiment aggravé » portant sur 100 millions de dollars.
De notre correspondant à Genève, Ian Hamel Modifié le 07/08/2020 à 09:07 - Publié le 07/08/2020 à 08:36 | Le Point.fr
La justice suisse peut-elle mettre en examen trois personnes et une banque et continuer d’épargner l’homme qui est au centre d’une procédure pour « blanchiment aggravé » ? À savoir l’ancien roi Juan Carlos, qui a quitté l’Espagne cette semaine pour « sauver la monarchie ». D’autant que le procureur genevois Yves Bertossa reste convaincu que les 100 millions de dollars versés en 2008 par l’Arabie saoudite au souverain espagnol sont liés à l’attribution d’une ligne à grande vitesse entre Médine et La Mecque à des entreprises espagnoles. Au nez à la barbe des Français, réputés plus performants.
En effet, pour qu’il y ait blanchiment, il faut, en amont, apporter la preuve d’une corruption, d’une origine criminelle. Le problème, c’est que, pour entendre Juan Carlos, le magistrat genevois devait jusqu’à présent faire une demande d’entraide à l’Espagne. Mais Madrid pouvait la refuser, se retranchant derrière l’immunité du roi émérite. Dorénavant en exil, l’ancien monarque ne bénéficie plus des mêmes protections. La Tribune de Genève fait tout de même remarquer que la République dominicaine, où Juan Carlos s’est peut-être réfugié, n’a pas de traité d’extradition avec la Suisse. Si la justice helvétique en venait à mettre en examen l’ancien roi, elle pourrait fort bien lancer un mandat d’arrêt international contre lui. Bref, le départ de Juan Carlos du palais de la Zarzuela et d’Espagne ne met nullement fin à ses déboires judiciaires. Lire la suite.