Enquête sur la crise financière des Caisses d’épargne 2 : Au coeur du désastre des subprimes

Mardi 29 janvier 2008

Enquête sur la crise financière des Caisses d’épargne 2.

Au cœur du désastre des subprimes

29/01/2008

Par Laurent Mauduit

Extraits de l’article mis en ligne sur le site Médiapart.fr :

C’est un penchant ancien du capitalisme français. Longtemps protégé des grands chocs de la mondialisation, il a adopté les règles du capitalisme anglo-saxon avec parfois les excès et l’aveuglement des nouveaux convertis. Des outrances du Crédit Lyonnais et de sa filiale Altus Finance dans les années 1980, jusqu’à la fuite en avant de Vivendi Universal au début des années 2000, en passant par l’engouement pour les stock-options, l’histoire économique récente fourmille d’embardées de ce type. Et sans doute notre histoire des Caisses d’épargne s’inscrit-elle dans cette filiation.

L’une des plus vieilles banques françaises, liées par toute son histoire à l’intérêt général et au monde mutualiste, est aussi l’une de celles qui s’est lancée le plus loin dans l’aventure américaine des « subprimes ». Et l’une de celles, donc, avec la Société Générale, qui va en payer le contrecoup le plus fort. La banque du Livret A, celle qui symbolise le placement en bon père de famille, est aussi celle qui a foncé, tête baissée, dans les produits les plus sophistiqués et les plus risqués générés par Wall Street. Du bas de laine jusqu’aux produits dérivés : L’Ecureuil s’est convertie à la haute voltige financière.

Et puis surtout, une filiale américaine de la CNCE qui a été apportée à Natixis lors du mariage, et qui est dénommée CIFG, va empoisonner la vie de la nouvelle banque d’investissement, et même brutalement obscurcir son avenir. Avant le mariage, le groupe CNCE a, de fait, très mal géré cette entreprise qui intervient sur le marché à haut risque des crédits immobiliers aux Etats-Unis. Dans le jargon du métier, CIFG est une société spécialisée dans le « rehaussement » de crédit : en clair, c’est une société financière qui donne sa garantie aux organismes publics (collectivités locales notamment) ou privés qui lancent des emprunts sur les marchés financiers, garantie qui permet d’obtenir des taux d’intérêt plus avantageux. Les « rehausseurs » de crédit sont en quelque sorte des assureurs, qui pour inspirer confiance, doivent présenter une solidité financière à toute épreuve, et donc afficher impérativement la meilleure des notations des agences de notation financière, dénommée « AAA ».

CIFG entre alors dans la tourmente, alors que certains de ces concurrents, tel FSA (filiale de Dexia), beaucoup plus prudent, sont moins exposés à la crise. Scénario classique ! CIFG fait partie des « petits » du rehaussement de crédit. Pour gagner de l’argent dans un marché très concurrentiel, et pour gagner des parts de marché, la société est de plus en plus attirée par les contrats les plus rentables qui sont aussi les plus périlleux. Et comme au siège de la maison mère, la CNCE, personne ne s’en soucie, la fuite en avant est ininterrompue…

Dans l’intervalle, CIFG a discrètement déménagé : depuis le 1er octobre 2007, la holding de la société s’est délocalisée à Hamilton, aux Bermudes. L’un des paradis fiscaux parmi les plus accommodants au monde.

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